mercredi 24 juin 2015

La russophobie, une haine vieille comme le monde!

Monsieur Ivo Rens est l'auteur d'un article publié sur le site Agoravox, c'est en fait le compte rendu d'un ouvrage écrit par Monsieur Mettan, journaliste et ancien rédacteur en chef de la Tribune de Genève, sur le thème de la russophobie.

Cet ouvrage est intitulé  "Russie-Occident. Une guerre de mille ans," il a pour thème la russophobie de Charlemagne à la crise ukrainienne, et a été publié aux Editions des Syrtes (Genève, 2015, 482 pages).

Pour lire le compte rendu de Monsieur Ivo Rens :

http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/russie-occident-une-guerre-de-168919

ou

https://worldpeacethreatened.wordpress.com/
 
 
 
Monsieur Ivo Rens,

Votre article est passionnant.

Excellent article, et excellent compte rendu d'un ouvrage paraissant lui-même excellent.

La russophobie est vieille comme le monde, ou plus exactement, vieille comme la Russie.

Le mérite de l'ouvrage de M. Mettan est de chercher à remonter aux origines de ce phénomène, à une époque où la Russie n'existait pas encore, mais où, déjà, dans un contexte de dissensions religieuses et politiques, Cyrille et Méthode élaboraient les alphabets, glagolitique et cyrillique, qui permettraient l'enseignement des Ecritures dans une langue slave, et non en latin.

En fait, d'autres historiens se sont déjà penchés sur la question de la russophobie. Je pense notamment à un ouvrage publié en 1991, celui de MM. Mervaud et Roberti, intitulé : "Une infinie brutalité - L'image de la Russie dans la France des XVIème et XVIIème siècles".

Ce qui a peut-être été moins étudié, c'est la russophobie chez les Russes eux-mêmes, car malheureusement, pour de nombreux Russes, le modèle, c'est l'Occident, c'est surtout l'Amérique.

A l'époque de Khrouchtchev, le slogan était déjà de "rattraper et de dépasser l'Amérique." Que dire de la situation en Russie aujourd'hui? Nous assistons souvent au spectacle pitoyable du provincialisme russe singeant le grand frère américain.

Cette fascination de l'Amérique, et l'intérêt bien compris conduisent parfois certains Russes à aller au-delà de la simple opposition politique, et à agir contre leur propre pays. Ainsi que vous pourrez le vérifier, il est arrivé que tel ancien ministre russe se rende aux Etats Unis pour conseiller l'adoption de sanctions contre la Russie, ou encore, que tel militant notoire des droits de l'Homme aille témoigner contre son pays dans la procédure d'arbitrage Yukos qui s'est soldée par des condamnations qui n'avaient jamais été prononcées jusqu'alors contre aucun pays et qui risquent de ruiner la Russie, cette procédure n'étant que l'aboutissement d'une vaste entreprise, nationale et internationale, de pillage et d'escroquerie.

La fascination de l'Occident, c'est le pendant de la russophobie. Mais cette fascination imbécile n'est pas l'apanage des Russes, et je pourrais, par exemple, faire les mêmes critiques à propos des Français.

Par ailleurs, la comparaison de la russophobie avec l'antisémitisme me semble à la fois discutable et parlante, discutable si l'on s'attache à rechercher une explication rationnelle de ces phénomènes - car les causes semblent différentes -, parlante en ce sens que la russophobie comme l'antisémitisme relèvent l'un comme l'autre d'une haine irrationnelle.

Il y a, en tout cas, un point commun que je relève entre la russophobie et l'antisémitisme, c'est l'espèce de cécité, d'aveuglement, de surdité qu'ils suscitent. Dans son livre "Ni droite, ni gauche", l'historien Zeev Sternhell cite un autre ouvrage, celui de Francine de Martinoir qui, à propos de l'attitude des écrivains pendant la période de l'Occupation, notait que

"ils n'ont rien vu, rien entendu. Ils n'ont pas vraiment participé à la politique de collaboration, n'ont pas dénoncé de Juifs, n'ont pas approuvé les erreurs commises. Mais tout se passe comme si, dans cette nuit qui s'étendait sur la France, ils n'avaient pas été là."

Ces mots, consacrés à l'antisémitisme, peuvent s'appliquer à la russophobie.

Dans cette nuit du capitalisme libéral qui s'étend sur le monde, nombreux sont ceux qui ne remarquent rien.

Journalistes, publicistes, politiciens, même s'ils n'affichent pas de sentiments anti-russes, ne semblent rien remarquer, ni le coup de force ayant abouti au renversement du président ukrainien, ni la présence de milices nazies sur le Maïdan, ni les évènements du 2 mai 2014 à Odessa, ni le bombardement délibéré de populations civiles, ni quoi que ce soit en général.

Le but principal de la propagande est d'étouffer la vérité, l'Occident y est presque parvenu, mais grâce au travail et aux recherches d'auteurs tels que Guy Mettan, grâce à votre article, il n'a pas totalement réussi, et il reste une petite place pour la vérité, c'est-à-dire pour la paix.