jeudi 17 décembre 2015

La journée ordinaire d'un accro de l'info

Mercredi 16 décembre 2015, 21 heures. Je commence à regarder une émission de CNN.

Il s’agit d’un débat entre les candidats aux primaires du parti républicain aux Etats Unis. Les différents candidats sont alignés sur la scène d’un théâtre de Las Vegas, ils répondent aux questions, et s’expriment sur les problèmes de sécurité et de terrorisme. Tous surenchérissent de propositions guerrières, et insistent sur la nécessité de restaurer  l’autorité des Etats Unis dans le monde et de lutter contre le terrorisme islamiste.

Toutes les solutions sont envisagées et proposées, et par exemple, celles d’anéantir non seulement les terroristes, mais aussi leurs familles (proposition de Donald Trump, candidat indépendant aux primaires républicaines), de créer des zones d’interdiction de survol du territoire syrien et d’abattre tout avion contrevenant, y compris le cas échéant les avions russes (proposition de Chris Christie, gouverneur du New Jersey), ou encore de couvrir les zones occupées par les forces de l’Etat islamique d’un tapis de bombes, permettant de « voir si le sable peut briller dans l’obscurité » (« to see if sand can glow in the dark » ) selon l’aimable expression de Ted Cruz, sénateur du Texas.

Les critiques fusent à l’encontre de Barack Obama et d’Hillary Clinton, mais aussi, parfois, à l’égard de la politique de leurs prédécesseurs. Trump rappelle qu’il s’est toujours opposé à l’intervention armée des Etats Unis en Irak. Paul Rand, sénateur du Kentucky, mais aussi Ted Cruz admettent que les interventions armées en Lybie et en Irak ont été une erreur, et que les « changements de régime » voulus par l’Amérique ont conduit au chaos.

Donald Trump fait face, comme il peut, aux critiques, et parfois aux sarcasmes, des candidats de l’establishment politique.  Un accrochage l’oppose à Jeb Bush, ancien gouverneur de Floride et frère de Georges Bush Jr.

Trump s’en tire, parfois par des pitreries, parfois par une sorte de bon sens populaire qui semble lui réussir dans les sondages d’opinion. Il critique la débauche d’argent public investi dans les conflits du Moyen Orient, et l’absence de tout résultat tangible, si ce n’est un vaste désordre devenu à peu près incontrôlable.

Les débats prennent fin, chaque candidat conclut son intervention en invoquant la place des Etats Unis dans le monde. Trump y va de son couplet patriotique en soulignant que, quel que soit le candidat choisi au terme des primaires républicaines, il sera de toute façon plus qualifié pour défendre le pays que l’actuel président américain.

Une curieuse impression s’empare de moi. Certes, je ne suis qu’un simple observateur, vivant en Europe. J’ignorais, ou peut-être ai-je perdu de vue, que les Etats Unis avaient perdu leur rang dans le monde. Pour moi, l’Amérique restait incontestablement la première grande puissance, et je ne songeais pas à contester à l’Amérique ni son autorité, ni la place, la première place, qu’elle occupe dans le monde, aussi bien sur le plan militaire et économique que scientifique.

Toutefois, une idée m’effleure. Oui, de fait, les Etats Unis ont perdu leur première place, mais ce n’est ni dans le domaine économique, ni sur le plan militaire. En réalité, l’Amérique a perdu son magistère moral, elle se sent critiquée, mal aimée ou détestée à peu près partout, et peut-être même chez les alliés dociles qu’elle s’est trouvée en Europe. C’est sans doute cela que les candidats républicains, de façon plus ou moins consciente ou  inconsciente, ressentent.

C’est pour cela que Trump, comme il le déclare, veut faire de nouveau « respecter l’Amérique ».

 

Un peu plus tard, dans la soirée, je commence à regarder une émission sur la chaîne russe RTR Planeta.

 

Il s’agit d’un reportage sur les armes de destruction massive, qu’il s’agisse des armes atomiques, chimiques ou biologiques. Dans un hôpital vietnamien, un médecin russe tente de soigner les enfants qui naissent avec des malformations, conséquence de l’utilisation par les Américains au cours de la guerre du Vietnam de l’agent Orange, un produit chimique destiné à la défoliation. Les images sont horribles, insupportables. Je me mets à détester l’Amérique, et je change de chaîne.

 

Je regarde sur une chaîne parlementaire un débat concernant la situation politique française.
 
Un chercheur intervient. Interrogé sur les capacités de Hollande, il se réfère à deux émissions récentes, consacrées à Chirac et Mitterrand, et finit par dire que s’agissant des présidents de la République, la question de l’intelligence ne se pose pas, car à un tel niveau de responsabilité politique, les présidents sont tous, forcément, intelligents.  

 

Je n’écoute pas la suite de la réponse et du débat, et je quitte l’émission. Mais je suis rassuré, puisque la question des capacités de nos présidents ne se pose pas, et que l’essentiel est de parvenir à se faire élire. Je ferai donc confiance à la sagesse du peuple, et je sais que la prochaine fois, je pourrai, moi aussi, sans état d’âme, voter Marcel Barbu.

 Il est tard. Je dois me reposer, car la journée de demain s’annonce lourdement chargée.

Jeudi matin, 7 heures. J’écoute le programme de France Inter.

Le scandale du jour, ce sont les photos publiées sur Twitter par Marine Le Pen, montrant les exactions commises par l’état islamique, et notamment, la photographie du corps décapité d’un journaliste américain. Inadmissible ! Intolérable ! Il n’y a pas de mot de condamnation assez dur. Pourtant, la veille, Le Monde s’était félicité de la publication et de la diffusion par Human Rights Watch de photos montrant les corps suppliciés de victimes des crimes imputés au régime d’Assad. Human Rights Watch , c’est une association de défense des droits de l’Homme, fondée aux Etats Unis, et financée notamment par Soros. Le Pen, c’est différent. Elle dirige un parti d’extrême-droite, désormais présenté comme la deuxième face, avec l’Etat islamique, d’un même problème. CQFD.

La rédaction a invité Pierre Bergé, président du conseil de surveillance du journal Le Monde, et un écrivain, Christine Angot, qui, paraît-il, aurait pris position contre Houellebecq à la suite de la parution de son dernier livre, "Soumission". Des auditeurs téléphonent pour poser des questions. Il est question du mariage homosexuel, du Front national, de l’identité française, des modernistes et des antimodernistes. Je ne comprends rien à ce que disent les uns et les autres. Pourtant, c’est en français. Je termine mon petit-déjeuner.

 

10 heures. Conférence de presse de Vladimir Poutine, en direct, sur Rossia 24.

Poutine répond à de nombreuses questions, posées par les journalistes russes et étrangers. Les questions fusent, sur l’économie, les sanctions, la hausse des prix, la situation des retraités, sur la corruption, sur la situation internationale, sur l’élection d’un nouveau président américain en 2016, sur la Turquie, l’Ukraine, la Syrie, la situation internationale, sur les enfants du Président.  Poutine, pédagogue, répond de façon apparemment spontanée à toutes les questions, il donne l’image d’un président aux commandes. Le président russe annonce que la Russie soutiendra non seulement l’armée syrienne,  mais également les rebelles luttant contre l’état islamiste. Poutine confirme également le désir de dialogue et de coopération de la Russie avec les Etats Unis, quel que soit le nom du futur président américain. Rien de bien nouveau, somme toute.

A l’heure où je vous livre ces commentaires, la conférence de presse n’est pas terminée. J’ai faim. C’est bientôt l’heure du déjeuner.  J’abandonne mon poste d’observation. Ma journée de travail est terminée. Je vais à présent pouvoir méditer sur toutes ces informations.

***
 
La radio et la télévision sont faites pour ceux qui ne lisent pas. C’est même ce qui en fait leur importance. Les grands médias forment l'opinion publique, et peuvent à leur aise diffuser l'information ou la propagande. La liberté de la presse s’exprime sans doute, mais rarement, dans les journaux ou à la télévision. Si je veux continuer à m’informer, il va me falloir lire, et non pas zapper. A défaut, et comme aurait pu le dire Geneviève Tabouis, je devrai m'attendre à ne pas savoir ....

mercredi 2 décembre 2015

Face au terrorisme, la défense pathétique de l'Occident

Pour combattre le terrorisme, il faut en comprendre les raisons.

Les rares tentatives d'analyse sérieuse disparaissent sous un amoncellement de déclarations guerrières et incohérentes contre l'Etat islamiste, personne ou presque ne s'avisant de relever que ne doivent pas être confondues les causes du terrorisme, et les manifestations de ce phénomène.

Pour se manifester, le terrorisme n'a évidemment pas attendu l'existence de l'Etat islamiste, et dans l'histoire récente, celle des cent cinquante dernières années, le terrorisme s'est maintes fois manifesté sans que l'Islam ne soit en quoi que ce soit concerné. Le terrorisme a été souvent utilisé et pratiqué, y compris par des Etats qui aujourd'hui le condamnent, ou qui en sont les victimes.

Dans les évènements récents, ce qui préoccupe et ce qui frappe réside dans le fait que des individus se réclamant apparemment d'une vision de l'Islam, commettent des actes terroristes au péril de leur vie, ou même en faisant délibérément le sacrifice de leur vie.

Cela même n'est pas propre au terrorisme islamiste. L'Europe du XIXème siècle est marquée de multiples attentats, notamment en Europe, en Russie, aux Etats-Unis, qui se sont immanquablement soldés par la mort des terroristes. Le début du XXème siècle connaît les attentats anarchistes. La première guerre mondiale commence par l'assassinat d'un grand-duc autrichien, l'auteur du crime est qualifié de fanatique nationaliste.

Bien que ces évènements ne soient pas qualifiés d'actes de terrorisme, les massacres régulièrement perpétrés aux Etats-Unis, dans des lieux publics, des écoles, des universités, font aux aussi apparaître des criminels prêts à sacrifier leur vie, et cherchant à faire le plus de victimes possible. La cause de ces massacres est très généralement attribuée à la profusion des armes aux Etats-Unis, et à l'absence d'une législation en restreignant sévèrement la vente, la détention et la circulation.

Plus récemment, un pilote d'avion de ligne s'est suicidé avec son avion, entraînant dans la mort tous ses passagers. Ce fait divers particulièrement meurtrier n'a jamais été qualifié de terroriste.

Pourtant, tous ces évènements démontrent que dans certaines conditions, un individu, acceptant et même décidant de perdre la vie, passe à l'acte en provoquant la mort de personnes n'ayant jamais eu aucun lien avec l'auteur de l'acte terroriste.

C'est ce passage à l'acte qu'il faut analyser et comprendre, si l'on veut tenter de prévenir les actes terroristes.

Face à la diversité apparente des exemples qui viennent d'être donnés, on pourrait être tenté d'imputer la survenance de ces actes à une forme de folie. Ce serait une grave erreur, car les terroristes ne sont pas des fous, ils suivent une certaine logique, et du reste, même les fous, ou ceux que la société répute fous, ont une logique qui n'est pas la nôtre, mais dont il faut admettre l'existence si l'on veut comprendre leurs actes. Invoquer ici la folie reviendrait à renoncer à expliquer le terrorisme.

En réalité, dans tous les cas, on retrouve chez les auteurs d'actes de terrorisme la poursuite, parfois désespérée, d'un but, d'un idéal, fût-il complètement dévoyé, l'acte de terrorisme apparaissant alors comme l'aboutissement de cette recherche.

Le terrorisme apparaît ainsi comme une quête exaltée d'idéalisme, et comme le rejet d'une société qui a elle-même renié toute forme élevée d'accomplissement de l'individu, qui a renoncé non seulement aux valeurs et enseignements de la religion, mais également à toute forme de spiritualité, et dont les seules valeurs sont le matérialisme, l'argent, le consumérisme, l'hédonisme. Cette société n'est pas même athée, elle a simplement été gagnée par l'indifférence, et ignore les questions métaphysiques.

Dans un ouvrage célèbre, consacré à l'étude des idées fascistes ("Ni droite, ni gauche"), Zev Sternhell avait parfaitement souligné que l'idéologie fasciste était née d'une aspiration idéaliste, en réaction à un monde déjà dominé par le matérialisme, et par réaction à un système politique corrompu.

La France a été la victime des derniers attentats terroristes commis en Europe.

Pourquoi la France? Tout simplement, parce que c'est le plus faible des Etats européens. Faible, non seulement parce que la France, après la défaite honteuse de 1940, s'est vautrée dans la "douceur de vivre", que tirant prétexte d'un prétendu universalisme, d'un esprit français ouvert sur le monde, la France a définitivement accepté d'être occupée, par les Allemands, par les Américains, et à présent par différentes communautés, tous étrangers à sa culture et à ses mœurs, mais surtout parce que la France a procédé à une sorte de désarmement unilatéral sur le plan moral.

La France est devenu un pays dirigé par une caste bureaucratique dont la seule préoccupation est de préserver ses privilèges. Cette caste qui se sent aujourd'hui menacée par les attentats, a beau demander au petit peuple de mettre le drapeau français aux fenêtres, elle n'a aucun patriotisme, elle ne défendra ni les intérêts français, ni l'indépendance de la France. Cette caste s'appuie en cela sur une proportion importante, et sans doute majoritaire, de la population, et de l'opinion française qui continue de voir dans les Etats-Unis la puissance qui a sauvé la France.

La société française, c'est à dire l'ensemble de la population résidant sur cet appendice européen que l'on nomme la France, ne propose aucun idéal à la jeunesse qu'elle invite simplement à jouir des bienfaits de la société de consommation, et dont les seules références morales résident dans l'évocation rituelle et compassée de la démocratie et des droits de l'homme.

Dans les faits, la démocratie est bafouée, les institutions politiques sont dominées par des partis que rien ne différencie notablement, et qui font tout pour conserver leur pouvoir, au mépris de l'esprit démocratique dont ils se disent pourtant les champions.

Quant aux droits de l'homme, l'application pointilleuse et hypocrite qui est faite d'un texte à portée prétendument universelle, celui de la Convention européenne, nous fait oublier une vérité élémentaire qui veut que l'homme n'a pas que des droits, mais aussi des devoirs, des obligations à l'égard de lui-même, de son pays et de la société.

La religion des droits de l'homme a pour effet pervers de désarmer moralement les individus.

N'ayant à proposer que cette fausse démocratie et cette fausse religion, la société française est en réalité une société qui n'a plus d'âme, une société d'exclusion dans laquelle l'appartenance à un parti, à un syndicat, à une secte, à une communauté a le plus souvent plus d'importance que les qualités, le travail ou la compétence des individus.

La société française vit dans le mensonge permanent. Le Parti socialiste est un parti de privilégiés qui aime à se donner bonne conscience en se référant au socialisme, mais qui soutient le système capitaliste dans tous ses excès, et qui a la même politique que la droite. La droite se réfère au gaullisme, mais il y a bien longtemps qu'elle a renoncé à la souveraineté et à l'indépendance de la France, et à la défense d'un projet proprement français. Nous sommes tous témoins de ces hypocrisies, mais à quoi sert de dire une vérité que tous connaissent, si "le peuple", devenu cynique, se complait dans le mensonge!

Enfin et surtout, la société française, et au-delà de la France, la société occidentale n'offrent à leurs membres qu'un idéal de boutiquier, d'épicier, seulement invités à s'enrichir... s'ils le peuvent.

Au XIXème siècle, les grands écrivains, les philosophes, les artistes, les penseurs étaient le plus souvent issus de l'aristocratie, parfois, de la bourgeoisie. L'élite contemporaine n'engendre plus de penseurs, plus de génies, prêts à révolutionner la société, elle n'accouche que d'un esprit gestionnaire cherchant les remèdes pour préserver l'ordre établi, au mépris de toute morale. Ses seuls prophètes sortent des écoles de l'administration, ils nous assènent quotidiennement, dans les médias, sur un ton faussement inspiré et prophétique, les pauvres et maigres recettes de la portion congrue.

Faut-il s'étonner que dans cette société d'hypocrites, ceux qui sont les exclus ressentent un sentiment de révolte. C'est vraisemblablement le cas d'une partie de la jeunesse, à laquelle il n'est offert aucun idéal, et qui n'accède pas même aux "délices" de la société de consommation.

Pour être forte et cohérente, une société doit donner une place à chacun, aux riches comme aux pauvres, et un espoir. Le terrorisme, c'est l'absence d'espoir. Le passage à l'acte, c'est le désespoir absolu.

Une religion, l'Islam, dans une interprétation dévoyée, donne à la jeunesse perdue un idéal qu'elle ne trouve pas dans notre société.

Alors, bien sûr, il faut lutter contre le terrorisme. Bien entendu, il faut réduire à néant les Etats ou les organisations qui pratiquent le terrorisme. Bien évidemment, il faut prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir et déjouer les attentats.

Mais pour lutter durablement et efficacement contre le terrorisme, il faudrait que la société occidentale se réforme, qu'elle retrouve une inspiration et un idéal. Nous en sommes loin. De ce point de vue, les bombardements sont inutiles, et la défense de l'Occident, Russie comprise, est pathétique.















mardi 1 décembre 2015

L'étonnant discours de Vladimir Poutine lors de l'inauguration du Centre présidentiel Boris Eltsine

Le Centre présidentiel Boris Eltsine, créé à Ekaterinbourg grâce à une importante dotation de l'Etat ainsi qu'à des dons, a été inauguré le 25 novembre dernier, par le président de la Fédération de Russie et par le premier ministre, en présence de la veuve de Boris Eltsine.

A cette occasion, Vladimir Poutine a prononcé un discours dans lequel il souligne les qualités du premier président de la Fédération de Russie, et le rôle qu'il a joué dans la démocratisation du pays.
Comme chacun le sait, la personnalité et l'action de Boris Eltsine sont diversement appréciées, de sorte que la création même du Centre a fait l'objet de critiques virulentes de la part de certains hommes ou organisations politiques, notamment de M. Ziuganov et du Parti communiste de la Fédération de Russie (http://kprf.ru).

Sur ce sujet, la Literaturnaïa Gazeta, sous la plume du journaliste Oleg Pukhnavtsev, vient de publier un article au titre éloquent : "La momification de la honte".

Pour beaucoup de Russes qui n'hésitent pas à s'exprimer vertement sur les réseaux sociaux, l'ivrogne Eltsine a déshonoré la Russie. Il demeure le symbole d'une période de corruption, de gangstérisme, de pillage des richesses du pays. Violant la constitution alors en vigueur, Elstine a réprimé dans le sang, en 1993, la révolte du parlement russe, et il porte la responsabilité de l'affaiblissement durable de la Russie, comme de la crise ukrainienne. Eltsine est souvent considéré comme un traître ayant provoqué la disparition de l'Union soviétique, et le chaos qui a suivi.
L'arrivée au pouvoir de Poutine a au contraire été vécue comme un retour à l'ordre, et un rétablissement de l'autorité de l'état.
Aussi, le discours récemment prononcé par Vladimir Poutine apparaît surprenant, car il semble marquer une continuité des politiques poursuivies à l'époque de Eltsine et à présent. Ce discours ne devrait pas permettre à Poutine de recueillir un quelconque soutien supplémentaire sur le plan intérieur.
Peut-être ce discours est-il destiné à rassurer l'opposition dite "libérale" et l'Occident, mais il contribue surtout à renforcer l'image du capitalisme sauvage qui s'est installé en Russie, dans le contexte d'une situation internationale catastrophique, de la croissance du chômage, d'une augmentation des prix et de difficultés quotidiennes de plus en plus importantes pour la population.

VOIR EN LIGNE :

Texte

Il vous est proposé de prendre connaissance d'une traduction en français du discours prononcé le 25 novembre 2015 par M. Poutine lors de l'inauguration de ce centre (le texte de ce discours est publié sur le site de la présidence russe http://www.kremlin.ru/ ).

"Chère Naina Yossifovna,

Mesdames et Messieurs,

Chers Amis,

C’est aujourd’hui que nous inaugurons le Centre Boris Nicolaevitch Eltsine.

Ce n’est pas seulement un hommage à la mémoire du premier président de la Russie. Le Centre a été conçu comme le reflet de toute une époque de l’histoire de notre pays, une époque de changements radicaux, extrêmement importants, complexes et, bien entendu, contradictoires.

Nous venons de faire connaissance avec l’exposition. C’est réellement le récit honnête de la façon dont s’est construite la Russie contemporaine, des difficultés à laquelle elle s’est heurtée, des problèmes qu’elle a résolus. C’est le récit de ce qui a été accompli pendant cette période.

Nous apprenons à conserver une relation objective, prudente à notre histoire, au chemin ininterrompu et séculaire de notre pays. A un chemin qui a été semé à la fois de réalisations grandioses, de changements brutaux, d’erreurs, de victoires éclatantes.

Il est nécessaire de connaître, d’étudier cette expérience complexe, ses multiples significations, ses nombreuses orientations, d’en être fier, d’en tirer, bien sûr, les leçons, d’en sentir et d’en comprendre la signification spirituelle, morale.

Les éléments exposés au Centre, c’est précisément l’exemple d’une telle relation à l’égard d’une des étapes clefs du développement de la Russie. Ici se trouve rassemblé et systématisé un ensemble considérable et unique de documents.

Le destin, la personnalité même de Boris Nicolaevitch Eltsine, sont le reflet, dans toute leur mesure, des défis colossaux, des difficultés de cette époque. Il avait un caractère volontaire, franc, courageux, une aptitude à faire preuve de décision extrême. Et c’est en grande partie grâce à ces qualités que notre pays n’a pas dévié de la voie démocratique de développement qui a été choisie.

C’est précisément à cette époque, dans des conditions de rude confrontation politique, qu’a été adoptée la Constitution de notre pays, et que sur son fondement, sur celui de ses dispositions précises, a débuté la période constructive de notre développement.

Boris Nicolaevitch avait une compréhension profonde du caractère dramatique de ces transformations radicales, il en était pénétré, à travers lui-même, à travers sa conscience, son âme, son cœur ; il était en proie au doute, tourmenté, inquiet, il connaissait les épreuves extrêmement difficiles que notre peuple devait traverser. Et lorsqu’il prit la décision de se retirer, il s’est adressé, comme nous nous en souvenons, au peuple de Russie avec des mots sincères, avec des mots qui étaient véritablement des mots de confession. C’est en cela que résidaient sa force, son honneur et sa franchise.

Chère Naina Yossifovna, vous vous êtes trouvée aux côtés de Boris Nicolaevitch pendant plus d’un demi-siècle, et vous avez mérité le respect de millions de nos compatriotes non seulement en tant qu’épouse du premier président, mais en raison de votre grand tact et de votre sens de la réserve. Ici également, dans cette salle, nous pouvons ressentir la chaleur de votre générosité morale.

Je voudrais remercier, pour leur participation active à la création du Centre, les organisateurs du Fonds Boris Nicolaevitch Eltsine ainsi que tous les curateurs. Les autorités de la région de Sverdlovsk et d’Ekaterinbourg ont également fait de grands efforts. J’espère que par la suite, le Centre bénéficiera d’un soutien général.

Il reste un grand travail. Le Centre Eltsine doit vivre, il doit se développer comme un lieu d’enseignement, mais aussi comme le centre de réalisation de différents projets, notamment sociaux.

Bien sûr, une attention particulière doit être portée à la jeunesse et à ses intérêts. Il faut dire que la génération présente connaît mal à la fois notre passé récent, et la vie du premier président de notre pays. Il est également important que les jeunes soient des visiteurs permanents du Centre et qu’ils participent à ses programmes, qu’ils étudient l’histoire de notre pays, et qu’ils en aient une compréhension profonde pour leur épanouissement intellectuel aussi bien que spirituel.

Chers amis !

Je me souviens des mots de Boris Nicolaevitch, mots qu’à présent tout le pays connaît : « Prenez soin de la Russie ». Ces mots s’adressaient à nous tous, aux générations présentes et futures. Boris Nicolaevitch voulait que notre pays soit fort, épanoui, heureux. Nous avons déjà beaucoup fait pour atteindre ces buts, nous avons surmonté bien des difficultés, et nous résoudrons à coup sûr tous les problèmes qui se posent à nous.

La Russie va devenir forte, elle va se développer grâce aux efforts et au travail, au talent de notre peuple, et à son dévouement pour la Patrie.

Merci de votre attention."

 

jeudi 26 novembre 2015

En abattant un avion russe, la Turquie abat les jeux!

En définitive, la destruction par l'aviation turque d'un appareil russe, à la frontière turco-syrienne, appelle peu de contestations.

L'avion russe s'est écrasé sur le territoire syrien, la chute de l'appareil a été filmée par des cameramen turcs.

La Turquie reconnaît avoir abattu l'avion russe, se bornant à affirmer que cet appareil avait violé, pendant quelques secondes, l'espace aérien turc, et que des avertissements avaient été préalablement donnés aux pilotes russes.

La Russie soutient que le chasseur-bombardier abattu n'a à aucun moment violé l'espace aérien turc, et qu'aucun avertissement n'a été donné par la chasse turque aux pilotes russes.

Quelles que soient les réponses apportées à ces maigres questions, rien ne peut justifier le fait d'avoir délibérément abattu un appareil qui n'a à aucun moment représenté une menace pour la Turquie, et à l'égard duquel aucune procédure d'interception n'a été appliquée.

Les deux pilotes de l'avion abattu ont pu s'éjecter, mais l'un d'entre eux a été tué par les rebelles armés agissant sur le territoire syrien. Le second a pu être secouru par une équipe de commandos russes et syriens.

Comme effrayé par les conséquences du crime qu'elle venait de commettre, la Turquie a immédiatement saisi les instances de l'OTAN, réunies d'urgence à Bruxelles. Comme l'on devait s'y attendre, les partenaires américains et occidentaux de la Turquie lui ont apporté leur soutien, en réaffirmant le principe du droit de tout Etat de protéger son espace aérien, ce que personne ne songe à contester.

En Occident, la réaction est demeurée finalement assez discrète. La presse française a, sans surprise mais sans grande conviction, condamné le comportement de la Russie, laquelle a néanmoins reçu le soutien d'une partie de l'opinion publique française et de différents politiciens. Ainsi, le Front national a demandé la création d'une commission internationale d'enquête. C'est bien inutile.

L'évènement est pourtant d'importance, il marque un tournant essentiel dans la dégradation de la situation internationale, car il s'agit, pour la première fois, d'un acte de guerre commis directement et délibérément par les forces armées d'un pays membre de l'OTAN à l'égard de la Russie.

Il existe un risque important d'escalade, en raison de la poursuite des opérations aériennes russes en Syrie, dans une région frontalière de la Turquie. Si de nouveaux incidents devaient se produire, et conduisaient à des affrontements directs entre les aviations russe et turque, nous nous trouverions alors dans une situation pouvant entraîner une intervention des forces de l'OTAN.

La destruction de l'appareil russe par l'aviation turque apparaît dès lors comme une étape et un évènement capital.

Si les circonstances de cet évènement sont à peu près connues, il demeure une question fondamentale à laquelle aucune réponse ne peut aujourd'hui être apportée : la Turquie a-t-elle agi de son propre chef, ou avec l'accord et la complicité de l'Amérique? Ou, en d'autres termes, s'agit-il d'une provocation turque ou d'une provocation occidentale?

Si, en l'état, il est impossible de répondre avec certitude à cette question, une évidence s'impose : la Turquie, membre de l'OTAN, et alliée privilégiée de l'Amérique, apporte un soutien non seulement économique, mais militaire, à une rébellion islamiste que l'Occident prétend vouloir combattre.

En abattant un avion russe, la Turquie a abattu son propre jeu, mais elle a aussi jeté une lueur fugace sur le caractère ambigu des interventions occidentales au Moyen-Orient, et sur l'existence d'alliances glauques et contre nature que l'Amérique et ses affidés européens ont conclu avec d'autres puissances de la région.

En somme, la Turquie nous fait découvrir un Occident, compliqué et mystérieux.





mercredi 24 juin 2015

La russophobie, une haine vieille comme le monde!

Monsieur Ivo Rens est l'auteur d'un article publié sur le site Agoravox, c'est en fait le compte rendu d'un ouvrage écrit par Monsieur Mettan, journaliste et ancien rédacteur en chef de la Tribune de Genève, sur le thème de la russophobie.

Cet ouvrage est intitulé  "Russie-Occident. Une guerre de mille ans," il a pour thème la russophobie de Charlemagne à la crise ukrainienne, et a été publié aux Editions des Syrtes (Genève, 2015, 482 pages).

Pour lire le compte rendu de Monsieur Ivo Rens :

http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/russie-occident-une-guerre-de-168919

ou

https://worldpeacethreatened.wordpress.com/
 
 
 
Monsieur Ivo Rens,

Votre article est passionnant.

Excellent article, et excellent compte rendu d'un ouvrage paraissant lui-même excellent.

La russophobie est vieille comme le monde, ou plus exactement, vieille comme la Russie.

Le mérite de l'ouvrage de M. Mettan est de chercher à remonter aux origines de ce phénomène, à une époque où la Russie n'existait pas encore, mais où, déjà, dans un contexte de dissensions religieuses et politiques, Cyrille et Méthode élaboraient les alphabets, glagolitique et cyrillique, qui permettraient l'enseignement des Ecritures dans une langue slave, et non en latin.

En fait, d'autres historiens se sont déjà penchés sur la question de la russophobie. Je pense notamment à un ouvrage publié en 1991, celui de MM. Mervaud et Roberti, intitulé : "Une infinie brutalité - L'image de la Russie dans la France des XVIème et XVIIème siècles".

Ce qui a peut-être été moins étudié, c'est la russophobie chez les Russes eux-mêmes, car malheureusement, pour de nombreux Russes, le modèle, c'est l'Occident, c'est surtout l'Amérique.

A l'époque de Khrouchtchev, le slogan était déjà de "rattraper et de dépasser l'Amérique." Que dire de la situation en Russie aujourd'hui? Nous assistons souvent au spectacle pitoyable du provincialisme russe singeant le grand frère américain.

Cette fascination de l'Amérique, et l'intérêt bien compris conduisent parfois certains Russes à aller au-delà de la simple opposition politique, et à agir contre leur propre pays. Ainsi que vous pourrez le vérifier, il est arrivé que tel ancien ministre russe se rende aux Etats Unis pour conseiller l'adoption de sanctions contre la Russie, ou encore, que tel militant notoire des droits de l'Homme aille témoigner contre son pays dans la procédure d'arbitrage Yukos qui s'est soldée par des condamnations qui n'avaient jamais été prononcées jusqu'alors contre aucun pays et qui risquent de ruiner la Russie, cette procédure n'étant que l'aboutissement d'une vaste entreprise, nationale et internationale, de pillage et d'escroquerie.

La fascination de l'Occident, c'est le pendant de la russophobie. Mais cette fascination imbécile n'est pas l'apanage des Russes, et je pourrais, par exemple, faire les mêmes critiques à propos des Français.

Par ailleurs, la comparaison de la russophobie avec l'antisémitisme me semble à la fois discutable et parlante, discutable si l'on s'attache à rechercher une explication rationnelle de ces phénomènes - car les causes semblent différentes -, parlante en ce sens que la russophobie comme l'antisémitisme relèvent l'un comme l'autre d'une haine irrationnelle.

Il y a, en tout cas, un point commun que je relève entre la russophobie et l'antisémitisme, c'est l'espèce de cécité, d'aveuglement, de surdité qu'ils suscitent. Dans son livre "Ni droite, ni gauche", l'historien Zeev Sternhell cite un autre ouvrage, celui de Francine de Martinoir qui, à propos de l'attitude des écrivains pendant la période de l'Occupation, notait que

"ils n'ont rien vu, rien entendu. Ils n'ont pas vraiment participé à la politique de collaboration, n'ont pas dénoncé de Juifs, n'ont pas approuvé les erreurs commises. Mais tout se passe comme si, dans cette nuit qui s'étendait sur la France, ils n'avaient pas été là."

Ces mots, consacrés à l'antisémitisme, peuvent s'appliquer à la russophobie.

Dans cette nuit du capitalisme libéral qui s'étend sur le monde, nombreux sont ceux qui ne remarquent rien.

Journalistes, publicistes, politiciens, même s'ils n'affichent pas de sentiments anti-russes, ne semblent rien remarquer, ni le coup de force ayant abouti au renversement du président ukrainien, ni la présence de milices nazies sur le Maïdan, ni les évènements du 2 mai 2014 à Odessa, ni le bombardement délibéré de populations civiles, ni quoi que ce soit en général.

Le but principal de la propagande est d'étouffer la vérité, l'Occident y est presque parvenu, mais grâce au travail et aux recherches d'auteurs tels que Guy Mettan, grâce à votre article, il n'a pas totalement réussi, et il reste une petite place pour la vérité, c'est-à-dire pour la paix.

dimanche 31 mai 2015

Banderashvili, nouveau Gauleiter d'Odessa

C'est fait, la région d'Odessa a un nouveau gouverneur, et ce n'est autre que Mikhaïl Saakashvili, l'ancien président géorgien, aujourd'hui déchu.

Il a fallu peu de temps pour lever le dernier obstacle à sa nomination, sa nationalité. Mikhaïl Saakashvili a désormais la nationalité ukrainienne, et il a été immédiatement nommé gouverneur d'Odessa par Porochenko, le président ukrainien, dont Hollande, Obama et l'Occident disent partager les valeurs.

Nomination pitoyable et désastreuse pour le pays, car nul ne peut imaginer qu'il n'existait pas en Ukraine de citoyens ukrainiens dignes de prétendre à l'exercice de ces fonctions.

Il est vrai que Saakashvili a des qualités essentielles : il vomit tout ce qui est russe, il déteste cordialement la Russie et Poutine, il est animé d'un désir de revanche et il est la voix de son maître, le grand frère américain, véritable souverain de l'Ukraine, dont il ne devrait pas trahir les attentes.

Mauvaise nouvelle pour les Ukrainiens, et pour Odessa, ainsi dotée d'un Gauleiter évidemment étranger, étranger et sourd aux besoins de réconciliation du pays.

Occasion ratée aussi, car à la faveur de son changement de nationalité, le petit despote de la Mer noire aurait pu changer de nom et en choisir un nouveau, à consonance ukrainienne. J'aurais suggéré, personnellement, le nom de Banderashvili, et ceci pour rappeler l'attachement du nouveau régime de Kiev à Bandera, désormais célébré comme un héros, sans renier les origines du jeune gouverneur.


mardi 12 mai 2015

9 mai 2015 à Moscou : rien de prévu pour les prisonniers allemands!


A Moscou, le 9 mai 2015, j’ai tout vu, j’ai vu les chars, les fusées, les troupes d’élite, Vladimir Poutine, le président chinois, le régiment indien, les Arméniens, les Mongols, tout et tout le monde. Mais pas sur la place Rouge, car je n’étais pas invité, et je ne disposais pas du sésame qui m’aurait donné accès sur la place ou dans les tribunes.  Le monde est ainsi fait, ceux qui sont invités ne viennent pas toujours, et ceux qui voudraient venir ne sont pas invités. Néanmoins,  j’ai tout vu, car comme la plupart des Russes, j’étais tranquillement installé devant un poste de télévision.

J’ai tout vu, et c’était grandiose. Le défilé était impeccable, les troupes étaient magnifiques, l’organisation était parfaite, l’ambiance était à ce point prenante que seul devant mon poste de télévision, je me suis levé, comme tous ceux qui étaient sur la Place Rouge, au moment de la minute de silence, et j’ai pensé à tous ceux que j’ai connus, et qui ont vécu les heures sombres et tragiques de la guerre de 1941-1945 en Russie.

Je n’étais pas le seul à me sentir touché. Vladimir Poutine aussi paraissait ému.  En  quelques mots simples, il a rendu hommage aux victimes de la guerre,  et une fois de plus, le président russe a plaidé pour  un monde multipolaire et la disparition des blocs militaires. De son discours, j’ai retenu les mots suivants :

« … L’aventure hitlérienne est devenue une leçon effroyable pour toute la communauté internationale. A l’époque, dans les années 1930, l’Europe éclairée n’avait pas immédiatement remarqué la menace mortelle que représentait l’idéologie nazie. Et à présent, soixante-dix ans plus tard, l'Histoire en appelle à nouveau à notre vigilance et à notre sagesse. Nous ne devons pas oublier que les idées de supériorité raciale et d’exceptionnalisme ont conduit à la guerre la plus sanglante …  « 

De retour à Paris, je me demande ce que les journalistes français ont pu écrire sur cette journée, et je lis, dans le journal « Le Parisien », la traduction du discours de Poutine et les commentaires suivants :

« «Soixante-dix ans plus tard, l'Histoire nous appelle à être à nouveau vigilant», a ajouté Vladimir Poutine, rappelant que les croyances en «une supériorité raciale avaient entraîné une guerre sanglante» et qu'il ne fallait pas commettre les mêmes erreurs. »

Tiens, c’est curieux, dans la version donnée par le quotidien, il n’est plus question du danger de « l’exceptionnalisme ». Les lecteurs du Parisien ne sauront donc pas que Poutine a évoqué les risques liés à cette théorie. Savent-ils d’ailleurs qu’il s’agit d’une théorie, et qu’elle inspire Obama et les actuels dirigeants américains ?

L’exceptionnalisme, c’est en effet une théorie politique américaine, il existe aux Etats Unis des intellectuels qui écrivent doctement sur le sujet. Obama a récemment déclaré qu’il croyait dans l’exceptionnalisme américain, qu’il y croyait « dur comme fer », « with every fiber of my being » selon ses propres paroles. Dans son discours sur l’état de l’Union, Obama précisait d’ailleurs que la question n’était pas de savoir si les Etats Unis devaient diriger le monde, mais comment ils devaient le faire. Tout cela est préoccupant, et l’on comprend que le Parisien, ne voulant pas inquiéter ses lecteurs, ne les ait pas informés de la raison des craintes du président russe.

De façon générale, la presse occidentale n’a d’ailleurs vu dans le défilé du 9 mai dernier à Moscou qu’une manifestation de propagande, ou une démonstration de force, boudée par les dirigeants américains et européens, déclarant préférer à l’étalage de la force russe les valeurs, bien entendu démocratiques, qu’ils partagent avec leurs protégés à Kiev.

Mais au-delà de ces polémiques, pourquoi, en définitive, aller à Moscou, s’il s’agissait de regarder une simple parade militaire, à la télévision ?

Tout simplement parce que l’évènement du 9 mai 2015 ne se déroulait pas sur la seule Place Rouge, mais dans tout Moscou, que dans les rues, dans les parcs, dans les jardins, partout étaient installées des estrades sur lesquelles se produisaient chanteurs et orchestres, parce qu’il s’agissait de l’anniversaire de la fin d’un conflit qui a fait un nombre incalculable de victimes, que le peuple soviétique en a payé le prix le plus élevé, parce que – c’est sans doute un lieu commun de le dire, mais comment ne pas le dire – il y a eu des victimes dans chaque famille, parce que les rangs des anciens combattants, des « vétérans » comme on les appelle ici, s’éclaircissent et qu’il n’y aura bientôt plus de témoin direct des évènements qui se sont déroulés il y a 70 ans, enfin, parce qu’ici, personne ne veut la guerre.

Alors oui, pour ces quelques raisons, il fallait aller à Moscou. Mais la raison la plus importante, c’est l’effrayante dégradation de la situation internationale, effrayante par les conséquences catastrophiques qu’elle peut entraîner, effrayante par la bêtise, l’ignorance et la haine qu’elle révèle à l’égard d’un pays qui, avec la disparition de l’utopie communiste, avait cru bien naïvement à la fin de la guerre froide. Peut-être, de nouveau, vivons-nous la fin d’un monde. Peut-être n’est-il pas trop tard pour refuser une nouvelle guerre. Alors, il fallait aller à Moscou.

A Moscou, ces derniers jours, il régnait une ambiance bon enfant, l’humeur était joyeuse, bienveillante et généreuse. Il n’y avait même pas d’aigreur à l’égard de ceux qui, invités, ne sont pas venus. Comme le raconte la dernière anecdote moscovite, lorsque Merckel, arrivée à Moscou le 10 mai, a expliqué à Poutine qu’elle n’avait pas pu ou pas voulu venir le jour même de la fête, le 9 mai, Poutine lui aurait répondu : «  Aucune importance, Angela, on avait organisé un défilé avec une reconstitution historique, mais il n’était pas prévu de faire défiler les prisonniers allemands. »





 

mardi 24 mars 2015

Attendez-vous à ne pas savoir ...: Ukraine : sous le signe de "La Croix" ou de la sv...

Attendez-vous à ne pas savoir ...: Ukraine : sous le signe de "La Croix" ou de la sv...: Edition électronique du journal La Croix, 24 mars 2015, premières lignes d'un article sur l'Ukraine : "... Le 22 février 2014...

Ukraine : "La Croix" et la svastika

Edition électronique du journal La Croix, 24 mars 2015, premières lignes d'un article sur l'Ukraine :

"... Le 22 février 2014, la signature d'un accord de sortie de crise aboutit au départ du président pro-russe Viktor Ianoukovitch, après des mois d'occupation de la place Maidan, à Kiev, par les partisans de l'Union européenne.
 Mais ce départ ne marque pas la fin de la crise ukrainienne, dont l'épicentre se décale vers l'est du pays. Des hommes armés proclament fin février l'indépendance de la Crimée fin février. Soutenus par la Russie voisine, qui a mobilisé des dizaines de milliers d'hommes, les insurgés organisent un pseudo-référendum dimanche 11 mai, invitant les populations à se prononcer sur l’« indépendance » des « républiques populaires » autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, alors que l'armée nationale tente de reprendre le contrôle des administrations occupées par les pro-russes..."

En réalité, l'accord de sortie de crise, signé à Kiev le 22 février 2014, et approuvé par les ministres français et allemand des affaires étrangères, a immédiatement été réduit à néant en raison de l'opposition violente des éléments les plus extrémistes du Maidan, et des évènements tragiques qui se sont alors déroulés à Kiev, et qui ont entraîné de nombreuses victimes, en particulier parmi les policiers, visés par les tirs de snipers.

Cet accord ne prévoyait nullement le départ du président Yanoukovich, mais des élections présidentielles anticipées avant la fin de l'année. Yanoukovich n'a pas quitté le pouvoir en application de cet accord, mais à la suite de la rupture de cet accord. Menacé de mort, il a tout simplement pris la fuite pour échapper au sort que lui réservaient les "démocrates ukrainiens" qui se sont ensuite emparés du pouvoir, et qui ont immédiatement adopté des mesures antirusses qui ont embrasé l'Est du pays.

Quant au référendum sur l'indépendance de la Crimée, référendum dont personne, sauf les faucons américains et leurs alliés, ne peut sérieusement contester le résultat, il est totalement distinct du vote qui a ultérieurement été organisé non pas en Crimée, mais dans l'Est de l'Ukraine, malgré l'opposition de Vladimir Poutine et des autorités russes.

On pourrait être tenté d'accuser le journal La Croix de mensonge ou de désinformation, mais devant un tel galimatias, on est pris d'un vertige et d'un doute. La bonne propagande est un art subtil, fait de vérité et de mensonge. D'évidentes contrevérités ne peuvent avoir qu'un effet opposé à la propagande recherchée. Est-ce à dire que le journal La Croix serait en définitive à la solde du Kremlin?

Mystère de "La Croix".

Plus sérieusement, il nous faut signaler et souligner l'excellence de l'émission récente ("Ce soir ou jamais", du 11 mars dernier) de Frédéric Taddei, consacrée au conflit ukrainien, en raison même des qualités et de l'autorité de ce journaliste qui, dans les débats qu'il organise, assure le respect de la contradiction, et permet à chacun de s'exprimer.

Un seul couac dont Taddei ne saurait d'ailleurs être tenu responsable : le débat a été précédé par la diffusion "d'images d'actualités", faisant apparaître "l'invasion des chars russes" en Ukraine, mais ces "images" portent elles aussi, dans l'angle de l'écran, une croix.

Il s'agit en fait de la croix gammée, de la svastika faisant partie de l'emblème du bataillon ukrainien Azov, composé de ces anciens manifestants pacifiques du Maïdan, "partisans de l'Union européenne", dont nous parle le journal La Croix.

Il est possible de regarder sur le site de la chaîne une rediffusion de cette émission, mais les images à la svastika ont été supprimées!




jeudi 26 février 2015

Sur France Inter, Bernard Guetta, disk jockey de la géopolitique, choisit la musique ...

Violent incident ce matin sur France Inter entre Florian Philippot, invité de l'émission du 7 / 9 et Bernard Guetta, le journaliste "spécialiste de géopolitique" tenant une chronique quotidienne sur le sujet des relations internationales.

Motif de l'incident : répondant à une question du journaliste Cohen sur les relations de Poutine et du soutien qu'il apporterait aux mouvements d'extrême droite  en Europe, Philippot déclare que "l'extrême droite nazie, c'est celle qui est au pouvoir en Ukraine."

Indignation de Guetta qui interrompt à plusieurs reprises Philippot et qui soutient que cette affirmation est un mensonge, que les ultra-nationalistes ukrainiens sont sortis très minoritaires des dernières élections ukrainiennes!

Sauf qu'il existe des milices armées affichant ostensiblement la svastika et autres insignes nazis, et que cette minorité exaltée est non seulement active, mais très violente. Ce sont ces activistes qui ont renversé Yanukovitch en février 2014, en dépit d'un accord prévoyant un retour à l'ordre, et des élections présidentielles anticipées avant la fin de l'année, accord pourtant contresigné par les ministres français et allemand des affaires étrangères.

Ces groupes ont ensuite été intégrés dans la Garde nationale ukrainienne, avant d'être envoyés à l'Est du pays pour mener "l'opération anti-terroriste" décidée par Porochenko et autres démocrates de Kiev.

Réplique de Philippot à Guetta : la présence d'extrémistes est de notoriété publique, il existe des photographies prouvant leur présence.

Bien plus que des photographies, il existe les programmes des différentes factions politiques soutenant Porochenko et le gouvernement de Yatseniuk. Ces programmes sont publiés en ukrainien, et parfois en russe ou en anglais, sur Internet, de sorte qu'un journaliste procédant à un minimum d'investigations ne peut décemment pas prétendre ne pas en avoir connaissance.

Il existe surtout les bombardements par Kiev de la population civile, et les multiples exactions auxquelles se sont livrées les hordes barbares et les mercenaires envoyés par Kiev dans l'Est du pays, et que l'Occident ne veut pas voir, se bornant à détourner les yeux ou, dans le meilleur des cas, à renvoyer les protagonistes dos à dos.

Oui, Monsieur Guetta, les nazis ukrainiens sont minoritaires, mais c'est une minorité agissante, et c'est elle qui fait la décision. Rien de bien surprenant à cela, car en fait, comme le relevait par exemple le philosophe Nicolas Berdiaev, c'est toujours comme ça!

L'incident opposant Philippot et Guetta s'est terminé dans la confusion, Guetta empêchant son invité de parler, et lui demandant de "se taire".

Se taire, certes, c'est ce à quoi la plupart des journalistes sont habitués, depuis qu'ils sont enrôlés dans la guerre de propagande qui se livre depuis le début des évènements qui se déroulent en Ukraine, et qu'ils ne se sentent plus autorisés qu'à présenter une version manichéenne de la réalité, celle d'un Occident irréprochable face aux méchants russes!

Mais peut-on faire taire une personnalité politique ne partageant pas la doxa des journalistes de France Inter?

Ce n'est pas "très Charlie" tout ça, Monsieur Guetta. C'est une singulière conception de la liberté d'expression.

En somme, sur France Inter, Bernard Guetta choisit la musique, et diffuse uniquement ce qui lui plaît. Bernard Guetta, disk jockey de la géopolitique, c'est de famille, sans doute.

vendredi 20 février 2015

National identities in Ukraine and in Euromaidan


 
 

 

About the author

 Antony Penaud <antonypenaud@yahoo.fr> obtained a DPhil from Somerville College, University of Oxford, UK, in 2000. He is French and lives in London.

A pdf version of this article (with electoral maps) can be viewed on http://www.scribd.com/doc/230697154/

 

 

National identities in Ukraine and in Euromaidan

 

 

INTRODUCTION

 

In this essay, we are going to document and highlight the different identities in Ukraine.

Much has already been said on language (Russophobes in Ukraine), and here we are going to focus on historical narrative.

We are going to show that the different identities can be seen geographically, and on the electoral map.

We are going to focus particularly on Western Ukraine (where Ukrainian nationalism is the strongest).

We will also highlight the role of nationalism in Euromaidan, and its representation in the post Yanukovich government.

 

The plan for our essay is the following:

1. Political and identical map in short

2. Historical narratives

3. Svoboda

4. Euromaidan

5. What came out of Euromaidan

 

 

1. POLITICAL AND IDENTICAL MAP IN SHORT

 

Main political parties

 

The two main political parties in recent Ukrainian history have been

- The Party of Regions: it was led by Yanukovich who is from the Donetsk region (Donbass, part of Eastern Ukraine), and in short it is seen as the party protecting Russophobes and willing closer ties with Russia.

- Fatherland: Yushchenko was president of Ukraine before 2010 and member of the Our Ukraine party which was ideollogicaly close to Fatherland. Our Ukraine is now dissolved. Tymoshchenko is Fatherland's leader and was PM under Yushchenko. Yatseniuk belongs to this party and supported Yushchenko in the past. In short, Fatherland can be seen as the opposite as the Party of Regions.

 

Extremes

 

Because we want to focus national identities, we introduce the far right and the far left:

- Svoboda (far right nationalist party, electoral base in Western Ukraine - we have a full section about it later).

- The Communist Party (Soviet identity and anti-nationalist in short, strongest scores in the South and in the East).

Again, to summarise: in a second round of presidential elections between the Party of Region and Fatherland, Svoboda sympathisers would vote for Fatherland and Communist Party sympathisers would vote for the Party of Regions.

 

The political maps can be viewed on http://www.scribd.com/doc/230697154/

 

2nd round of the 2010 presidential elections

 

The electoral map of the 2010 presidential elections shows a clear and strong separation: in the South and the East (where there are more Russophones and people who want closer ties with Russia), Yanukovich had more votes in every region. In particular, in the Donbass (Lugansk region and Donetsk region) Yanukovych had more than 80%, and in some parts more than 90%.

On the other hand, Timoshenko had her best scores (near 90%) in the West of Ukraine, in particular in the L’viv region.

These patterns can be found in previous presidential elections too (see electoral maps at the end).

 

Svoboda and the Communist Party

 

In the first round of the 2010 elections both parties did not do well:

- Svaboda's score was 1.43% nationally (its highest score was 5.35% in the L’viv region, but interestingly it did 34.98% in another Western Ukraine region in the local elections later that year, which might mean that Svoboda sympathisers vote for the Fatherland party in presidential elections).

- The Communists Party's score was 3.5% nationally.

 

In the 2012 parliamentary elections both parties made much higher scores:

- Svaboda's national score was 10.44%. In the L’viv region (L’viv is the largest city in Western Ukraine) it did 38.01%. It made a breakthrough in Kiev with 17.33%. Its lowest scores were in Crimea (1.05%), and in the Donbass (around 1.25%).

- The Communist Party's national score was 13.2%. It was 25.14% in the Lugansk region (one of the two regions of the Donbass, Eastern Ukraine) and 29.46% in Sevastopol (home to the Russian naval base in Crimea). Its lowest score was in one region of West Ukraine (1.78%).

 

Summary

 

To summarise, Western Ukraine and the Donbass region (Eastern Ukraine) are at the two extremes in terms of Ukrainian politics. The Centre of Ukraine is closer to Western Ukraine while the remaining of the East and the South are closer to the Donbass region.

Finally, the extreme South of Western Ukraine is different from Western Ukraine (it was not part of Poland before 1939), and Crimea was part of Russia until 1954 and the majority of Crimean people identify themselves as Russians.

 

2. HISTORICAL NARRATIVES

 

In this section we are going to tell the different historical narratives, with a focus on Western Ukraine's historical narrative.

 

Western Ukraine's different history in short

 

Western Ukraine only became part of the USSR in 1939 following the Molotov-Ribbentrop pact (it was occupied by Germany after Operation Barbarossa in June 1941). Before 1939 it was part of Poland, and before WW1 part of the Austro Hungarian Empire. Unlike the rest of Ukraine, it is not Orthodox.

In other words, Western Ukraine was invaded by the Soviet Union in 1939. Many people from Western Ukraine fought against the Red Army during the WW2 (and alongside Nazi Germany), as opposed to other Ukrainians (see Katchanovski (1), Ottawa University) .

 

2.1 Bandera and the Ukrainian Insurgent Army

 

According to Katchanovski, "in independent Ukraine, particularly since the Orange Revolution of 2004, WW2 has become a major political battleground. There are significant divisions concerning policies, views, definitions, and commemoration of this conflict in comtemporary Ukraine".

 

2.1.1 Why the revival of national myths in Ukraine should alarm us

 

Below, we cite extracts of the 19 May 2014 article Why the Revival of National Myths in Ukraine Should Alarm Us (2) by Amar (Assistant Professor in History at Columbia University) and Rudling (Associate Professor in History at Lund University, Sweden):

 

"Historian Omer Bartov has long pointed out a fundamental problem which substantial parts of Ukrainian society, in and outside Ukraine, still find hard to acknowledge: it is not possible to glorify ethnic nationalists as freedom-fighting heroes and examples for today and, at the same time, to be honest about their anti-Semitism, ethnic and political mass violence, and collaboration with Nazi Germany. It is true that this collaboration was less extensive than what it could have been, had Nazi Germany accepted the Ukrainian nationalists as allies the way it did with Slovakian and Croatian ones. Moreover, some Ukrainian nationalists also periodically clashed with the Germans and were persecuted by them. Yet there is no doubt or room for argument about a simple fact: the record of Ukrainian WW2 nationalism includes massive, politically motivated, and deliberate violence against civilians, including participation in the Holocaust and the mass-murderous ethnic cleansing of tens of thousands of Poles.(...)

 

Seeking ideological hegemony for this mythical version of history in today's Ukraine, it was, in fact, Yushchenko who, ironically, also helped spread a stereotype equating Ukrainians with Ukrainian nationalists. In reality, the Organization of Ukrainian Nationalists (OUN) and the Ukrainian Insurgent Army (UPA), controlled by the Bandera wing of the OUN, were – within the context of WW2 – comparatively small and strongly regional organizations. Their massive, brutal effects during the war did not reflect popular support throughout Ukraine but the opportunities offered by the war and the nationalists' ruthless, premeditated will to capitalize on them. In fact, far more Ukrainians fought against Nazi Germany – as part of Soviet forces – than for Ukrainian ethnic nationalism. By equating ethnic nationalists with the nation Yushchenko not only accepted the nationalists’ own unfounded claims at face value. He also contributed to the polarization of Ukraine. Moreover, for observers at home and abroad, he burdened the image and substance of pro-western policies with a legacy of authoritarianism and mass murder that is, in fact, irreconcilable with them. In particular, his policies complicated Ukraine's relationship with Poland; it was a Polish initiative, led by Members of the European Parliament from the otherwise pro-Ukrainian "Platforma Obywatelska" party that finally led to an EU protest against Yushchenko's most egregious provocations. Only larger geopolitical interests ultimately outweighed these concerns: the glorification of the violent legacy of ethnic nationalism went largely unchallenged during the negotiations for the EU Association Agreement.(...)

 

While Yushchenko no longer matters, his legacy of state glorification of ethnic nationalists has left Ukraine with one more burden to carry or, perhaps, shed.

 

Volodymyr Viatrovych, under Yushchenko director of the archives of the former KGB, is now the head of Ukraine’s Institute of National Memory. He has long been a key proponent of an uncritical and glorifying interpretation of the OUN and UPA. His publications, often written for a broad audience and little known in the West – but influential in Ukraine – have consistently downplayed the OUN's anti-Semitism and the UPA's anti-Polish massacres. Viatrovych has also publicly belittled the murder of civilians in Belarus by Ukrainian nationalists serving there as German auxiliaries."

 

2.1.2 Geographical divide

 

A poll

 

In a 2009 survey from the Kiev International Institute of Sociology (KIIS), in Galicia (the part of Western Ukraine with L’viv, Ternopil and Ivan--Frankivsk), 63% of Ukrainians had a positive attitude towards Bandera (of which 37% very positive), 12% had a negative attitude (of which 6% very negative).

In the Centre of Ukraine, 13% had a positive attitude towards Bandera (of which 3% was very positive), and 38% a negative attitude (of which 21% was very negative).

In Eastern Ukraine (Donetsk, Lugansk but also Kharkov, Dnipropetrovsk and Zaporizhia), 2% had a positive attitude towards Bandera (of which 1% was very positive) , and 59% a negative attitude (of which 46% was very negative).

In the South of Ukraine, 1% had a positive attitude towards Bandera, and 45% a negative attitude (of which 30% was very negative).

 

 

The view of a Donbass resident

 

The following 11 April 2014 interview (in Le Courrier de Russie) of a Donetsk (Donbass, Eastern Ukraine) policeman summarises it all: "Here in the Donbass, we have nothing in common with L’viv - the only thing that still unites us, is the country. It was Vatutin  [Soviet general in WW2] who liberated my city. And six months later, he was assassinated by the soldiers of the Ukrainian Insurgent Army. Over there, in L’viv, their heroes are the people from the Ukrainian Insurgent Army; but for me, Vatutin is the hero. That man who led the Red Army and who freed my city from the fascists. What do we have in common with L’viv people? We have a different History and a different culture."

 

 

2.2 Holodomor

 

2.2.1 Yushchenko

 

Amar and Rudling wrote:

"During Viatrovych first tenure as head of the SBU, he allied himself publicly with Yushchenko's memory politics. The SBU presented an absurdly selective list of "the" 19 people responsible for the 1932-33 famine in Ukraine. Two fifths of the names on it were presented in the classically anti-Semitic fashion of "decoding" family names by adding the "real" Jewish name in parenthesis. Under his tenure, the SBU also produced an official number of 10,063,000 million victims of the 1932-33 famine in the Ukrainian SSR, a tripling of the consensus number by historical demographers. Such manipulation of what are terrible figures anyhow is not a minor issue but reflects a long-standing tendency to "compete" with the Holocaust.".

 

2.2.2 Solzhenitsyn

 

A few months before his death in August 2008, Alexander Solzhenitsyn (whose mother was Ukrainian) wrote:

" The great famine of 1921 shook our country, from the Urals, across the Volga, and deep into European Russia. It cut down millions of our people. But the word Holodomor [meaning murder by hunger] was not used at that time. The Communist leadership deemed it sufficient to blame the famine on a natural drought, while failing to mention at all the grain requisitioning that cruelly robbed the peasantry.

 

And in 1932-33, when a similar great famine hit Ukraine and the Kuban region, the Communist Party bosses (including quite a few Ukrainians) treated it with the same silence and concealment. And it did not occur to anyone to suggest to the zealous activists of the Communist Party and Young Communist League that what was happening was the planned annihilation of precisely the Ukrainians. The provocative outcry about "genocide" only began to take shape decades later -- at first quietly, inside spiteful, anti-Russian, chauvinistic minds -- and now it has spun off into the government circles of modern-day Ukraine, who have thus outdone even the wild inventions of Bolshevik agitprop.

 

To the parliaments of the world: This vicious defamation is easy to insinuate into Western minds. They have never understood our history: You can sell them any old fairy tale, even one as mindless as this."

 

 

2.3 Memory politics (memory wars?)

 

2.3.1 Bandera

 

Hero of Ukraine

 

Shortly before the 2010 presidential elections, Yushchenko awarded to Bandera the title of Hero of Ukraine. Later that year, under Yanukovych, a Donetsk court declared unlawful that decree (3) (they argued Bandera only lived in the USSR, not in the Ukrainian independent state).

 

Monuments

 

In 2010 and 2011, many Western Ukrainian cities named Bandera honorary citizen of their city.

As far as we know, there are 25 Bandera statues, 5 Bandera museums, and 14 Bandera streets in Ukraine: all are recent, and all are in Western Ukraine.

The first monument for the {\it victims} of the UIA and nationalists was erected in Simferopol (Crimea) in 2007. In May 2010 in Lugansk (Eastern Ukraine), another monument for the victims of the UIA and nationalists was erected (4). There is another monument in Kharkiv (Eastern Ukraine).

Outside Ukraine, there are monuments to the victims of the UIA in Poland (tens of thousands of thousands of Poles were ethnically cleansed by the UIA). In Canada and the US, there are monuments honouring the UIA in cemeteries.

 

9 May

 

On 9 May 2011, for the celebration of the end of WW2 (because of the time difference it is not celebrated on 8 May in post Soviet countries), a group of people including WW2 veterans was attacked in L’viv by nationalists (5). That day Svoboda members stormed the office of the regional administration (Mikhailo Tsymbaliouk) and forced him to sign a resignation letter.

 

 

2.3.2 Holodomor

 

 Yushchenko

 

Since 2006, Ukraine have a Holomodor memorial day (on 25 November). In 2007, there was a 3-day commemoration in Kiev, and in 2008 a memorial was erected in Kiev.

In 2009, Ukrainian schoolchildren took a more extensive course on the History of the Holodomor, as well as on the Organisation of Ukrainian Nationalists and Ukrainian Insurgent Army (UIA) (6).

 

 Yanukovych

 

In 2010, the new president Yanukovych visited the Holodomor memorial.

Earlier that year he had stated in Strasbourg: "The Holodomor was in Ukraine, Russia, Belarus and Kazakhstan. It was the result of Stalin's totalitarian regime. But it would be wrong and unfair to recognize the Holodomor as an act of genocide against one nation".

The Fatherland party reacted by stating "By his statement, Yanukovych directly violated the norms of the Ukrainian law of November 28, 2006 on the Holodomor of 1932-1933 in Ukraine, the first article of which clearly states: 'The Holodomor of 1932-1933 in Ukraine is genocide against the Ukrainian people.'" (7).

 

Summary

 

While both main parties want to remember the Holodomor, they disagree on how to remember it. Fatherland have exaggerated the number of victims and see it as a genocide directed by Russians against Ukrainians, while the Party of Regions insist the famine happened in other parts of the Soviet Union too.

 

 

2.4 Comments

 

Causality?

 

One should note that Bandera and the UIA were essentially from the West of Ukraine, and that in 1932-33 what we now call Western Ukraine was in Poland, and there was therefore no famine there. Therefore, the UIA was not a consequence of the famine, there was no causal relationship - they were unrelated. The East and Centre of Ukraine were the most affected part of Ukraine.

 

Ukraine unity

 

Beyond the fact that the glorification of Bandera is morally questionable, many Ukrainians in the South and the East of Ukraine do not see Bandera as a hero, and on the contrary see him as a nazi collaborator. It seems logical that such a choice for a national hero would not unify Ukrainians, but on the contrary divide them. Bandera is quite simply a divisive figure in Ukraine.

 

Anti-Russian

 

There is however a common factor between the UIA and the Holodomor. In both cases, the enemy (from contemporary Ukrainian nationalists' point of view) is the Russians. This is in fact historically not that simple: the UIA hated more the Poles than the Russians ("they have an almost religious worship of their nation and distrust anything foreign: first and foremost, Polish, then Russian; then German" (8)) and Stalin was Georgian.

 

The role of the EU (and the US)?

 

Also, we think it worth pondering on the following sentence in the Amar and Rudling article: {\it the glorification of the violent legacy of ethnic nationalism went largely unchallenged during the negotiations for the EU Association Agreement}. Indeed, it is possible that the EU (and the US) judged that it was in their interest to encourage (or at least tolerate) strong nationalistic anti-Russian sentiment in Ukrainian politics.

 

 

2.5 The CIA's assessment on Bandera

 

Just after the end of WW2, the US made a bond with Ukrainian nationalists: a CIA declassified (under the Nazi war crimes disclosure act) document reads (9), CIA declassified document.}:

 

"As relations between the US and the Soviet Unions deteriorated, the CIA expanded its ties with these émigrés (...).

many Ukrainians despised Poles and Jews as well as Soviet Communists. Ukrainians served in the German army and had been linked to Nazi atrocities on the Eastern Front (...)

Bandera led the largest faction of the OUN (which split when the war broke out), and Melnik led the smaller one. Both factions participated in terrorist activities against Polish officials before the war, and Ukrainian nationalists allied themselves with their Nazi "liberators" during the first days of Operation Barbarossa in 1941. Even though OUN's enthusiasm diminished after the Nazis failed to support Ukrainian statehood, many Ukrainians continued to fight alongside the Germans until the end of the war.(...)

The Soviet Union's demand for repatriating all its citizens suspected of war crimes and collaboration with the Nazis complicated Aradi's and Holtman's work with the Ukrainians while they established initial contacts with OUN and ZPUHVR. American acquiescence with Soviet demand would damage relations with the Ukrainians. At the same time, Nazis rounded up OUN members and placed them in concentration camps (...)

The Soviets wanted Stefan Bandera. American intelligence officials recognised that his arrest would have quick and adverse effects of US operations with the Ukrainians.(...)

The CIA recognised that Bandera's extradition would be a blow to the underground movement, but noted that his organisation 'is, as the field agrees, primarily [original emphasis] a terrorist irgnisation".

 

Note that the original CIA document reads "primarily [original emphasis] ".

 

 

3. SVOBODA

 

In this section we focus on the Ukrainian nationalist party, with its electoral base in Western Ukraine.

 

 

3.1 Party history

 

Social National Party

 

Svoboda was founded in 1991 in L’viv (Western Ukraine) as the Social-National Party of Ukraine. According to Olszanski (10), its symbol was "the letters I+N

(Idea of the Nation), that is graphically identical with the ‘Wolfsangel’ rune – one of the

symbols of European neo-Nazi organisations".

It established in 1999 in L’viv a paramilitary organisation called Patriot of Ukraine.

 

Svoboda

 

The Social-National Party changed name to Svoboda in February 2004 and dropped the Wolfsangel logo when Oleh Tyahnibok became its leader. According to Olszanski, "The radical neo-Nazi and racist groups

were pushed out from the party. However, Tyahnybok never concealed that these changes were made primarily for image

purposes. The party remains associated with the ‘wide social nationalist movement’ comprised of numerous organisations (and

websites) and gathered around the Social- Nationalist Assembly which was set up in 2008".

 

Tyahnibok

 

Tyahnibok (who was born in L’viv, West Ukraine) became member of the Social-National Party in 1991 and became an MP in 1998. In 2002 he was reelected as part of the coalition led by Yushchenko (Yushchenko became president in 2005). He was expelled from that coalition after a speech in the summer of 2004 in which he talked of: "the Moscow-Jewish mafia ruling our Ukraine" and celebrated the Organisation of Ukrainian Nationalists for having fought " Muscovites, Germans, Jews and other scum who wanted to take away our Ukrainian state".

 

Paramilitary

 

The relationship between Patriot of Ukraine and Svoboda was officially ended in 2007. At the end of 2013, Patriot of Ukraine joined forces with other nationalist groups to form the Right Sector (Pravi Sector). University of Ottawa’s Ostriitchouk (11) wrote that Svoboda "retains close links with far right paramilitary organisations trained to fighting, that we will see on the front at the Maidan."

 

 

3.2 Policies

 

 

Policies

 

In terms of policies, Svoboda opposes abortion and gay rights (the Kiev Post dated 11 December 2011 reads "The ultra-nationalist Svoboda Party has admitted that their activists attacked gay community and human rights activists who were holding a protest in central Kyiv on 8 December to commemorate international Human Rights Day) (12), keeping and bearing arms should be allowed, Ukrainian children should not be adopted by non-Ukrainians, ethnic origins should be specified on passports.

 

Historical narrative

 

Svoboda has organised commemorations of Stepan Bandera and of the Ukrainian Insurgent Army (UIA). They have organised marches (in L’viv) to celebrate the Waffen SS Galicia division.

According to Ostriitchouk, "most of the UPA monuments have been erected by Svaboda's initiative or by Svoboda funding", and "often organise the removal of Soviet monuments" (Lenin statues in particular are the object of another memorial war: Svoboda sympathisers try to topple them and Communist Party sympathisers get organised to guard them).

 

3.3 Views on Svoboda

 

3.3.1 Jewish organisations and Israel MPs

 

Wiesenthal Centre

 

In 2012, the Simon Wiesenthal Centre ranked Svoboda number 5 in its top 10 anti-semitic list, just ahead of Greece's Golden Dawn Party.

 

World Jewish Congress

 

In 2013 the World Jewish Congress labelled the party as "neo-nazi".

 

Knesset

 

In 2013 too, thirty MPs of the Israeli Knesset (there are 120 MPs in total) sent the following letter to the president of the EU parliament:

"Dear Mr. President!

 

First of all, let us thank you for your activities to strengthen the values ​​of justice and democracy in Europe and the whole world. We want to note that Europe is a more welcoming and tolerant place now, thanks to your initiatives and to the spirit you bring to the continent.

 

However, it has been more than half a year we receive alarming reports on the new nationalistic trend in Ukraine stirred up by the Neo-Nazi Svoboda Party, which won more than ten percent of votes in the last parliamentary elections. We are aware of the threats and slander hurled by members of that party against the Jews, the Russians, and others. These are the people who draw their inspiration from the Nazis and openly glorify the mass murderers of the SS Ukrainian Divisions.

 

We were also shocked by the fact, that this party is not isolated at all but enjoys full cooperation of the two main opposition parties in Ukraine. Unfortunately, these parties did not protest at all against the actions and statements of their extreme partner, but even have compromised themselves by their own public glorification of Ukrainian Nazi war criminals.

 

We cannot stand idly by the phenomenon of neo – Nazism in any part of the world. Our duty is to speak out and to contact our colleagues around the world to join the efforts and to eliminate the symptoms which take us to the darkest times of humanity. We appreciate the strong position which the European Parliament expressed on this issue in December last year. We also want to thank you for the refusal of the EP to have any working relations with the Svoboda party and for the clarification to all forces operating in Ukraine, that no attempt of Nazism glorification will be tolerated by Europe. We hope to work together for the better and safer future of Europe and the whole world."

 

3.3.2 The EU U-turn

 

”Racist, anti-Semite and xenophobic

 

On 13 December 2012 the European Parliament adopted a text in which one paragraph read

"Parliament goes on to express concern about the rising nationalistic sentiment in Ukraine, expressed in support for the Svoboda Party, which, as a result, is one of the two new parties to enter the Verkhovna Rada [The Ukrainian parliament]. It recalls that racist, anti-Semitic and xenophobic views go against the EU's fundamental values and principles and therefore appeals to pro-democratic parties in the Verkhovna Rada not to associate with, endorse or form coalitions with this part.".

 

U-turn

 

Just over a year later, the EU associated with Svoboda in the toppling of the democratically elected government, and then backed the new coalition, of which Svoboda was the second most important political party. When the EU signed the trade agreement with Ukraine, Svoboda was part of the Ukrainian government.

 

3.4 Introducing some Svoboda MPs

 

Igor Miroshnichenko

 

Svoboda MP Igor Miroshnichenko is Deputy Head of the Parliamentary Committee on Freedom of Speech and Information. He had made news in the West in 2012 by calling Ukrainian actress Mila Kunis a "dirty jewess".

 

On 19 March 2014 he made news again by storming with four others the office of the head of National TV, Oleksandr Panteleymonov (13). They assaulted Panteleymonov, forced him to sign a resignation letter, and abducted him for several hours. Astonishingly, Miroshenko then posted online the video of the assault. The message he wanted to send was clear. We do not know what happened after this assault. On Panteleymonov Wikipedia page, it says "Acting CEO of National Television Company of Ukraine from 20 February 2013 to 25 March 2014)." (14).

 

Olha Ostriitchouk reported Tyanhibok's reaction: "If yesterday such methods were justified (for example the take over of regional administrations and people's pressure on high officials to sign resignation letters), today we don't need them (other methods, legal, can be used).".

 

Oleg Pankevich

 

From the Nation and Foreign Policy in Focus: "Svoboda has always had a soft spot for the [Waffen SS] Galicia Division, and one of its parliament members, Oleg Pankevich, took part in a ceremony last April honouring the unit. Pankevich joined with a priest of the Ukrainian Orthodox Church near L’viv to celebrate the unit’s seventieth anniversary and rebury some of the division’s dead."(15).

 

Yuriy Mykhalchyshyn

 

He was number one of the Svoboda list for the 2010 L’viv’s municipal elections. In 2005 he established a "‘Joseph Goebbels Political Research Centre" (he changed the name in 2008). The url was http://nachtigall88.livejournal.com (see Olszanski's article). The number 88 refers to "Heil Hitler" in neo-Nazi terminology (H is the 8th letter in the alphabet), and the Nachtigal battalion was the name of one of the two Ukrainian SS divisions that sided with Nazi Germany prior and during the June 1941 attack on the Soviet Union.

Mykhalchyshyn has referred to the Holocaust as a "period of Light in history".

 

Iryna Farion

 

After the 2 May 2014 Odessa massacre in which about 40 people died after a building was set on fire, she wrote on her website "Bravo, Odessa. Pearl of Ukrainian spirit. City of the great nationalists Ivan and Youri Lipa. Let the demons burn in hell. Football fans are the best. Bravo."

 

 

3.5 Comments

 

Crimea

 

It is important to realise that the presence of Svoboda in the post Yanukovych government happened {\it before} the Russian intervention in Crimea.\\

Given that before February 2014 Russia had shown no sign of their intention to reunite with Crimea, we can deduce that it is the February 2014 regime change and its new government (we will look in more details at its composition in the next section) that triggered Russia's decision.

 

The radicalisation of the Fatherland party

 

Svoboda is often presented as the ultra-nationalist party, as opposed to Fatherland. But, as said by Amar and Rudling in their article, "While Yushchenko no longer matters, his legacy of state glorification of ethnic nationalists has left Ukraine with one more burden to carry" , "he helped spread a stereotype equating Ukrainians with Ukrainian nationalists", and "he contributed to the polarization of Ukraine".

- Until 2004 and his speech, the Svoboda leader was part of the Fatherland parliamentary faction.

- MPs from the Timoshenko party supported the 1 January torch procession in Kiev, marking the 103rd anniversary of Bandera (16).

- Andry Paruby (former member of the Social Nationalist Party and commander of the Maiden armed protesters) is now a member of Fatherland.

- On 3 May 2014, the day after the Odessa massacre, MP Lesya Orobets posed pictures of herself on facebook and twitter. She was posing with a rifle and characterised the massacre as a "great victory" and "an adequate response" to the pro-Russian demonstrations.

- In a March 2014 leaked conversation (17), Tymoshenko's interlocutor said "He asked 'What should we do now with the 8 million Russians that stayed in Ukraine? They are outcasts!'", she allegedly replied "They must be killed with nuclear weapons.". When the conversation was revealed, Timoshenko said "The conversation took place, but the '8 million Russians in Ukraine' piece is an edit. In fact, I said Russians in Ukraine – are Ukrainians.". However, given that her interlocutor replied "I won't argue with you here, because what happened is absolutely unacceptable", Tymoshenko's version just does not work. This shows what the leader of the Fatherland party thinks of the population in Eastern Ukraine.

- In June 2014, Yatseniuk (Ukrainian PM) called separatists’ backers "subhumans" (18).

 

 

EU nationalist political parties

 

Some Western commentators have downplayed Ukrainian nationalism, comparing it to EU far right parties such as UKIP (Farage, UK) and FN (Le Pen, France). We think the reader of this essay will agree that Ukrainian nationalism is of a totally different nature. Passmore (19) argues that Le Pen is not fascist (but national-populist): "Le Pen has not attempted to use violence to lever himself into power", "The FN does not possess a mass paramilitary wing comparable to historical fascists".

 

4. EUROMAIDAN

 

4.1 Direct cause of Euromaidan: the trade agreement

 

Here we step back from our focus on national identities in order to introduce some background on the trade agreement negotiations.

 

4.1.1 Trade agreement

 

Negotiations

 

On 21 November 2013, Yanukovych announced that he would postpone a trade agreement with the EU. This triggered the start of the protests. On 17 December, Yanukovych signed the trade agreement with Russia, Belarus and Kazakhstan.

During the long negotiation process, Yanukovych had been talking to both organisations (EU and the Russia union). Jose-Manuel Barroso said in February 2013: "one country cannot at the same time be a member of a customs union and be in a deep common free-trade area with the European Union".

After his 21 November decision to postpone the EU deal, Yanukovych still said he wanted a deal that would include both the EU and Russia: on 29 November 2013 the Daily Telegraph reported: "Yanukovych said he was now seeking a trilateral deal which would also include Russia as a player, a notion immediately dismissed. 'When we make a bilateral deal, we don't need a trilateral agreement,' said Barroso".

 

The trade agreements

 

Let's have a closer look at the the two different offers Ukraine had to choose from.

- The EU option offered Ukraine a USD 838m loan and (together with the IMF) asked the Ukrainian government to increase gas bills by 40% and make big budget cuts (austerity).

- The Russia option offered Ukraine a loan 18 times that size (USD 15bn) plus 33% discounts on gas prices (Ukraine imports gas from Russia).

 

Given the better Russia offer, and that Yanukovych had been elected as a "pro-Russia" candidate (his party claims to defend the rights of ethnic Russians and speakers of the Russian language in Ukraine), it is not surprising that he decided for the Russia option.

 

4.1.2 Public opinion and East-West divide on the trade agreement

 

A 04-09 December 2013 KIIS poll (20) said that 48% of Ukrainians thought Yanukovych had been right not to sign the EU trade agreement. 35% thought he had been wrong.

82% of Western Ukrainians were in favour of signing the EU trade agreement, and 18% of Eastern Ukrainans supported the EU agreement.

 

 

 

 

4.2 A Western backed revolution

 

4.2.1 EU and US leaders

 

Since our focus is on national identities, we do not want to spend too much time on Western support for the Euromaidan and the government that came out of it.

John McCain, Victoria Nuland, Cathryn Ashton and others went to Kiev and basically participated in the revolution.

One could debate about their exact responsibility in the revolution, we do not want to discuss this here. It is sufficient to say that they actively supported it.

 

4.2.2 The Ukrainian diaspora

 

Amar and Rudling wrote:

"Last but not least, a significant section of the Ukrainian diaspora abroad, have too often reflexively taken a right-or-wrong-our-freedom-fighters approach to wartime and post-war ethnic nationalists.(...)

 

Some émigré scholars selectively omitted compromising statements from nationalist pronouncements. In some cases the OUN's deliberate forgeries have been circulated as authentic evidence to refute allegations of anti-Semitism. One of these consisted of an autobiography of a fictitious Jewish woman, Stella Krentsbakh or Kreutzbach, titled "I am Alive thanks to the Ukrainian Insurgent Army," presented as "evidence" to "disprove" any and all genuine survivor testimony to nationalist anti-Semitism.A similar tactic has been used, with Yushchenko’s direct involvement, to deny nationalist involvement in pogroms in 1941. A popular rhetorical strategy to counter scholars querying nationalist narratives has been to implicitly or explicitly, publicly or more quietly denounce them as "neo-Soviet," deceived by or pandering to former Soviet or current Russian propaganda.(...)"

 

Ostriitchouk wrote:

"The Ukrainian diaspora is an actor too important to be ignored, as is shown by the many pro-Maidan actions (including financial backing), the debates it started in Canada and the US, the way it influences their foreign policies and watches all public interventions.

This direct and long dated implication on Ukrainian politics is explained, amongst other things, by the fact that the most active part of the diaspora comes from the third wave of immigration of the 1950s, which was essentially made of Western Ukrainians and actors of the nationalist struggle, strongly opposed to the communist regime."

 

4.3 A West Ukrainian revolution

 

Because of our focus on national identities, we are not going to document the violence. We still should say that according to Ostriitchouk, violence took place on both sides. Also, it is far from sure that Yanukovych gave the orders to the snipers (see Paet Ashton leaked conversation, and the investigation by the German TV channel ARD)

 

Right Sector

 

The paramilitary organisation Right Sector was founded in November 2013 (note that it was formed early in the Euromaidan timeline) as a coalition of different ultranationalist groups and was one of the main actors of the violent stages. Many people had come to Kiev from the L’viv region (and other regions, mainly from the West) in December or January.

On 21 January, Alec Luhn (21) wrote in The Nation (22) "Spearheading the clashes with police was Right Sector, a group with ties to far-right parties including the Patriots of Ukraine and Trident, which BBC Ukraine reported is largely comprised of nationalist football fans. In a statement the next day, the group claimed credit for Sunday’s unrest and promised to continue fighting until President Viktor Yanukovych stepped down."

 

Ukraine above all

 

Alec Luhn: "Svoboda is the most visible party on the square, it has essentially taken over Kiev City Hall as its base of operations, and it has a large influence in the protestors’ security forces.

It also has revived three slogans originating in the Ukrainian nationalist movement of the 1930s [the UIA] that have become the most popular chants at Euromaidan. Almost all speakers on Independence Square—even boxer-turned-opposition-leader Vitaly Klitschko, who has lived mostly in Germany and has a US residence permit—start and end with the slogan, “Glory to Ukraine!,” to which the crowd responds “To heroes glory!” Two other nationalist call-and-response slogans often heard on the square are “Glory to the nation! Death to enemies!” and “Ukraine above all!”".

 

Other nationalist symbolic

 

Ostriitchouk: "For those who wanted to see and listen, the ultranationalist symbolic of Maidan had quickly supplanted and marginalised the EU's symbolic. At the beginning of the rallies, the red and black flags of Bandera were on Maidan next to other flags of the far right like the ones of Svoboda, KUN, UNA-UNSO, Bandera's trident and Patriot of Ukraine. The large poster of Bandera was put at Kiev's city hall as soon as the protesters took control of it. Later, the funerals of the first dead took place among those flags".

 

Memorial dates

 

Ostriitchouk: "All commemorative dates going in that direction [threat of Russian imperialism, or indeed Soviet] and falling during Euromaidan were exploited to feed popular anger, starting with the 80th anniversary of Holodomor, followed closely by the celebration of the Orange revolution, to the 200th anniversary of Taras Chevtchenko, but with also the 105th anniversary of Bandera, the memorial pilgrimage on the battlefield of the heroes of Kruty who died in the struggle against the Bolsheviks defending the young Ukrainian nation on 29 January 1918."

 

Pro EU or anti-Russian?

 

In the same article, Alec Luhn describes Svaboda's tactics: "How can the slogan 'Ukraine above all!' sound on Independence Square alongside the slogan 'Ukraine in the EU!', Ukrainian progressive activist Olga Papash asked in a recent piece on the politics and culture website Korydor. (...) Even Yury Noyevy, a member of Svoboda's political council, admitted that the party is only pro-EU because it is anti-Russia."

 

4.3.1 Public opinion and East-West divide on EuroMaidan

 

A 04-09 December 2013 poll (23) said 49% supported Euromaidan, and 45% didn't support it.

But what was interesting was that the country was geographically divided: 84% in the West of Ukraine supported it (against 11%), 66% in the Centre supported it (against 27%), 33% in the South supported it (against 60%), and only 13% in the East supported it (against 81%).

 

5. WHAT CAME OUT OF EUROMAIDAN

 

5.1 The post Yanukovych government

 

Let's move on to the coalition government, after Yanukovych fled Kiev. The PM was Fatherland's Yatseniuk (he had done 6.96% in the 2010 presidential elections), and the rest of the government was made of:

- 6 members of Fatherland.

- 4 members of Svoboda (Oleksandr Sych as vice PM, Ihor Tenyukh, Andrei Mokhnyk, Ihor Shvaika, ).

- (Serhiy Kvit, Minister of Education and Science) member of the far-right Ukrainian paramilitary organisation the Stepan Bandera Tryzub (this organisation is one of the founding organisations of Right Sector).

- 4 people from L’viv with unclear affiliation (the Minister of Foreign Affairs, Finance, Health, Economy).

- 2 Euromaiden activists (the Euromaiden podium presenter became Minister of Culture, another one became Minister of Youth and Sports)

- 1 former minister under the former Timoshenko government (before 2010).

 

5.2 Focus on Kvit, the new Minister of Education and Science

 

Let's quote Amar and Rudling:

" What is worrying at this moment and has, unfortunately, come to be linked to the Maidan Revolution is that several key promoters of nationalist memory politics have come into high office. Thus, Serhy Kvit, head of Kyiv Mohyla Academy, Ukraine's most prestigious university, is now the Minister of Education. Kvit insists that the nationalists of WW2 can serve as examples for today's Ukraine, demanding that this should be strictly separated from what he considers Russian propaganda. He is the author of an admiring biography of Dmytro Dontsov, one of the key theoreticians of Ukrainian ethnic nationalism. It denies and rationalizes Dontsov's anti-Semitism and marginalizes his enthusiasm for Nazi Germany and fascist Italy. It also denounces John-Paul Himka as one of the leaders of an "academic Internationale of Ukrainophobes." Such statements show that nationalist memory production deliberately cuts itself off from up-to-date international scholarship, in particular on the role of Ukrainian ethnic nationalism in the Holocaust.(...)

 

Kvit has also participated in robustly nationalist public activism, promoting Dontsovian ideology through the "Dmytro Dontsov Research-Ideological Center." In the 1990s Kvit was a member of the Presidium of the Congress of Ukrainian Nationalists and the organization "Tryzub imeni Bandery," a wing of KUN which split from the party in 2000. He is open about the fact that he does not regard Dmytro Yarosh, leader of the "Right Sector" as an extremist".

 

5.3 Let's have a look at other nominations that took place

 

- Oleh Mahnitsky (Svoboda MP) was named General Prosecutor.

- Tatiana Chornovol (member since aged 17 of the UNA-UNS organisation, a far right organisation of which the political wing merged with Right Sector in May 2014) was appointed head of Ukrainian government's National Anti-Corruption Committee on 5 March 2014.

- Andry Paruby (former member of the Social Nationalist Party and commander of the Maiden armed protesters) became head of the National Security and Defense Council on 27 February 2014.

- Egor Sobolev became head of the new lustration committee. "He said in interviews that the goal of the lustration la will be to ban Yanukovych and his closest allies from politic for life" (24). The Svoboda bill mentioned in the article "that public servants at all levels, as well as applicants for state jobs will have to undergo a screening procedure. Those who fail the screening will be dismissed from their positions.". We don't know if the bill was passed.

- On 2 March 2014, new governors were named in the following regions: in the Dnipropetrovsk region the oligarch Ihor Kolomoisky (second or third richest man in Ukraine, 337th richest person in the world according to Forbes 2011), in the Donetsk region the oligarch Sergei Taruta (billionaire in dollars too).

 

5.4 Comments

 

The new government in short

 

The new government had no representative of the Party of Regions, it was a coalition Fatherland c+  Svoboda + people from L’viv + Euromaidan activists. There was no representative from the East of Ukraine.

 

The first day of the new government

 

On 23 February 2014, only the day after Yanukovych fled Kiev, with no debate, the parliament voted to remove Russian as a second official language (a week later, probably because of Western advice, the interim president vetoed it).

We ask the reader to step back and reflect. Even if the law was later vetoed, the fact that on the very first day it is this that they wanted to do is enough to understand the nature of this government.

 

5.5 Elections

 

Polls at the end of January 2014

The last polls that were made with Yanukovych in them were made in the period 24 January - 1 February 2014 (25). He was top of the polls with 29.2%. Second was boxer turned politician Klitschko (22.8%), then Timoshenko (19.1%) and Poroshenko's rise had already started (15.9%).

After Yanukovich's ousting, the Party of Regions, representing the South and the East of Ukraine, disintegrated.

 

5.5.1 Election of Poroshenko

 

Poroshenko

The oligarch Poroshenko was elected in the first round of the elections with 54.7%.

 

Svoboda

 

Svoboda did a low national score, but as we saw before (low score at 2010 presidential elections followed by very high scores at the 2010 local elections), it seems that Svoboda sympathisers prefer to vote for the closest popular candidate at presidential elections.

It is also crucial to notice that Poroshenko has kept the same government. All the new jobs (in government and outside government) gained by Svoboda at the end of February 2014 were kept. The presence of Svoboda in the government was not temporary. Its presence in the government is based on a coalition between close political parties.

 

Lyashko

It is also worth mentioning the relatively high score (8.32%) of Oleh Lyashko, the candidate for the Radical Party. During the Crimea crisis he tried pass (but failed) to pass a bill in parliament that would give death penalty to separatists. Later he took matters into his own hands. On 23 May the Kiev Post reported "Paramilitaries from a group organized by presidential candidate Oleh Lyashko stormed a local government building in a sleepy eastern Ukrainian mining city and killed a pro-Russian separatist while maiming another in a gangland-style shooting on May 23. One man was shot in the head and abdomen, while a second man sustained three gunshot wounds to his neck and abdomen and was fighting for his life in a nearby hospital after the attack." (26).

 

5.5.2 Ukraine still divided

 

Poroshenko's total number of votes was 9,857,308. In the 2nd round of the 2010 elections, Yanukovich's number of votes was 12,481,266, and Tymoshenko's was 11,593,357.

 

Turnout

 

The turnout was much higher in the West of Ukraine (and in the Centre), than in the South and in the East (see turnout electoral map at the end, as well as the map of turnout differences between 2014 and 2010). In the Donbass most people just couldn't vote.

 

Odessa 2010 and 2014

 

We have picked a random district of Odessa (the first Odessa district, district 135) (27). In the first round of the 2010 elections, there were 65.7% valid ballots. Yanukovych got 44.6% in the first round, i.e. 53,978 votes. In the 2010 elections, there were only 48.9% valid ballots. The 42.8% obtained by Poroshenko represented 36,563 votes.

Now, in the 2nd round of the 2010 elections, participation was stable and Yanukovych got 87,807 votes (74.4%), which is more than the total number of people who (validly) voted in 2010! (the total number of valid votes was 85,372)

 

Earlier referendums

 

Here we should also mention the other referendums that took place after Euromaidan:

- Crimeans voted for joining Russia in March 2014 . The referendum was organised by Crimeans and Russians against the will of the Ukrainian government. While some contest the figures, we are not aware of anybody contesting that a majority of Crimeans wanted to be part of Russia. A Pew Research poll (April 2014) showed that 92% of Crimeans think that Russia is playing a positive role in Crimea, and 2% think that the US are having a good influence on the way things are going in Crimea.

- People in the Donbass voted for independence in early May 2014. This referendum was organised by separatists. Polls organised on the day of the referendum by Western journalists, as well as the reporting of journalists on the ground tend to show that a large majority wanted separation (for completion: according to a LA Times article "Opinion polls conducted in April by both foreign and domestic agencies showed a sizable majority - at least 70% even in the eastern regions - opposed to secession from Ukraine or union with Russia. But the recent violence has turned many against the Kiev government", "Scores of deaths during confrontations in Odessa on May 2 and in Mariupol on Friday appear to have spurred the massive turnout Sunday", "there were huge queues of people, almost all of whom said they were voting yes to separatism." (28), note also that in the Donbass people are more likely to be for separation than in other parts of Eastern Ukraine, and that the Pew April poll also showed that 67% of East Ukrainians had a negative opinion of the new coalition).

 

Again, to those who sympathised with Ukrainians who went to the street during Euromaidan because they were fed up with corruption, with bad governance, or who wanted closer ties with the EU, we ask them to look at the composition of the government, to the first thing they tried to do as they came into power, and to the nominations that were made shortly after the formation of the Yatsenyuk government.

 

 

 

CONCLUSION

 

National identities

 

We have highlighted and documented the strong correlation between: geographical location in Ukraine, political support, and national identity. In particular we have highlighted the two poles: Western Ukraine (Ukrainian nationalism, strong popularity of Bandera, anti Soviet and anti Russian feelings), and the Donbass region (Soviet identity, sympathy for Russia, Bandera seen as an enemy). The South and the rest of the East are closer to the Donbass, while the Centre is closer to Western Ukraine.

 

Polarisation

 

As Amar and Rudling wrote, "Yushchenko's legacy of state glorification of ethnic nationalists has left Ukraine with one more burden to carry", "he helped spread a stereotype equating Ukrainians with Ukrainian nationalists", and "he contributed to the polarization of Ukraine".

 

Euromaidan

 

As Ostriitchouk wrote, "The Maidan revolution is firstly a product of Western Ukraine, of a nationalist Ukrainian an West and of its Western backers, among which the Ukrainian diaspora is too important a factor to be ignored.".

 

Poroshenko election

 

By looking in details at the 2014 election results, we have seen that Proshenko's election in the first round was not due to him being a unifying figure, but to the fact that many Ukrainians in the South and in the East stayed home (the Party of Regions had disintegrated). We looked in details at the Odessa results (district 135) and found that the total number of people who went to vote in 2014 was smaller than the number of people who voted for Yanukovych in 2010.

 

Ukraine

 

We have shown that the new government represents West Ukraine nationalism, and that this nationalism is a strong divisive factor in Ukraine. Given the disintegration of the political party representing South and East Ukrainians, and the measures taken by the new government (e.g. the new lustration committee), we are pessimistic for Ukraine, and non-nationalist Ukrainians. Ostriitchouk talks of a "witch hunt" against those who were connected (closely or remotely) to Yanukovych (how far would it be extended to East and South Ukrainians?) and of a will to ban political opposition (Svoboda want to ban the Communist Party).

 

EU and US

 

The reason why the EU and the US have backed this revolution and this new government (part of it described by the EU as xenophobic in 2012) cannot be known for sure - we can only speculate. It is of course not impossible that the support given by the US and the EU to the new Ukrainian government is due to blindness.

Emmanuel Todd's original hypothesis is that the US have lost control of Germany, and that it is Germany that led the West into this (the US didn't want to show public disagreements with Germany).

We think it is more likely that the West's decision to support Ukrainian nationalists was US led, and that it was based on what they thought was in their best interest, which they think has to be (because of old cold war thinking?) opposite to Russia's interest. As Hudson wrote "the aim of a Ukrainian anti-Russian turn thus is not to help Ukraine, but to use that unfortunate country as a pawn in the New Cold War. As Hudson wrote "the aim of a Ukrainian anti-Russian turn thus is not to help Ukraine, but to use that unfortunate country as a pawn in the New Cold War." (29).

 

Historical parallel 1

 

We cannot help but remember the Soviet-Afghan war, in which the US supported Mujahideens, and in the process created Al Qaeda. In the Ukrainian situation there was no war though.

 

Historical parallel 2

 

From the Ukrainian nationalists' point of view, a parallel can be drawn with their predecessors in WW2. In WW2 they sided with Germany in order to fight against the Soviets (and the Poles). Today's nationalists have sided with the EU and the US to make sure Ukraine has no link with Russia economically, to drive away East Ukrainians from power, and to put in place their nationalist agenda. Again, in the 2014 situation, there was no occupation, Ukraine was an independent state.

 

Historical parallel 3

 

The last parallel is simply between the US and Ukrainian nationalists just after WW2, as mentioned earlier in our essay. The CIA described then Bandera's organisation as "terrorist". Less than seventy years later, the US (and the EU) had no moral issue backing the heirs of Bandera in Ukraine. And had no moral issue eithers when these heirs called "terrorists" (30) East Ukrainians who refused to be part of the new nationalist Ukraine, or when the Ukrainian PM called people supporting the separatists "subhumans" (31).

 

 

 

Antony Penaud

 

 

1. See The Politics of WW2 in Contemporary Ukraine, available on the internet.







8. See Cold War Allies: the origins of CIA's relationship with Ukrainian Nationalists, CIA declassified document.

9. See Cold War Allies: the origins of CIA's relationship with Ukrainian Nationalists, CIA declassified document.

10. Svoboda party - the new phenomenon on the Ukrainian right-wing scene by Tadeusz Olszanski in issue 56 of the Centre for Eastern Studies (04 July 2011).

11. "Dr Ostriitchouk is originally from Ternopil, [Western] Ukraine. He worked and studied in Kiev. Dr Ostriitchouk is now at the University of Ottawa with the Chair of Ukrainian Studies. Her main area of research focuses on identities issues in Ukraine." (from http://ukrainiangenealogygroup-ncr.org/feb14news.pdf ). Ostriitchouk's article "D'une contestation civique à une guerre identitaire" is in French and available on http://www.cairn.info/revue-le-debat-2014-3-page-3.htm  


13. Apparently, following a mistake by a releasing editor, the Crimea Red Square concert had been broadcasted during 5 minutes, see http://euromaidanpr.com/tag/panteleymonov/

14 On 28 April 2014, the mayor of Kharkov Gennady Kernes was shot while cycling. The Guardian's Luke Harding wrote "Kharkiv journalist Zurab Alasania blamed Russia for Monday's shooting. He noted in a Facebook post that the mayor had not changed his routine of going for a morning lake swim, despite the deteriorating security situation in the East. 'The Russian Federation is identifying and liquidating key centres of resistance,' Alasania said.". The reader was led to think that Zurab Alasania was an independent local journalist. In fact he was the pro-Maiden journalist who replaced Panteleymonov as head of National Television.




18 He said "killed by invaders and sponsored by subhumans", see http://edition.cnn.com/2014/06/15/world/europe/ukraine-crisis/?hpt=hp_t1

19 Fascism, a very short introduction


21 Young American journalist Alec Luhn writes mainly for The Guardian and The Nation. He is based in Moscow but has spent many of the last few months in Ukraine




25 See Wikipedia, the 2014 presidential Ukraine elections.


27 See http://electionresources.org/ua/president.php?election=2010$\&$district=135

28 http://touch.latimes.com/$\#$section/-1/article/p2p-80173097/, http://www.faz.net/aktuell/politik/ausland/separatisten-verkuenden-grosse-mehrheit-fuer-abspaltung-von-ukraine-12934681.html, http://www.theguardian.com/world/2014/may/11/eastern-ukraine-referendum-donetsk-luhansk

29 See Michael Hudson, The New Cold War's Ukraine Gambit.

30 The Ukrainian government call ATO (anti terrorist operation) the civil war in the Donbass.

31 He referred to the separatists’ sponsors (did he refer to Russians or East Ukrainians?) http://edition.cnn.com/2014/06/15/world/europe/ukraine-crisis/?hpt=hp_t1