C'est Gromyko!
Par ces mots, le quotidien Le Monde, dans un article consacré à l'Ukraine et à la récente conférence de Munich, s'en prend cette fois-ci au ministre russe des affaires étrangères.
Reprenant les propos d'un "politologue polonais" non identifié, le journal écrit notamment :
"Si l’expression « retour de la guerre froide » a été utilisée avec parfois trop de facilité depuis un an, elle a trouvé tout son sens ce week end à Munich. La performance de Sergueï Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, qui, le visage fermé, intervenait après Mme Merkel, a laissé pantois ceux qui l’écoutaient, tant sa rhétorique paraissait revenir trente ans en arrière. « C’est Gromyko », a murmuré, consterné, un politologue polonais ..."
Allons, journal Le Monde, un peu de nerf!
Comparer un diplomate à André Gromyko, ce n'est pas une injure, c'est un compliment. Beaucoup de diplomates occidentaux, Fabius, Kuchner, et d'autres rêveraient d'être comparés à Gromyko. André Gromyko, c'était une figure de la diplomatie, il inspirait sinon l'admiration, du moins le respect de ses adversaires. Gromyko, c'était le Talleyrand soviétique, trahison en moins. Etre comparé à Gromyko, pour un diplomate, c'est la consécration.
Comparer un diplomate à André Gromyko, ce n'est pas une injure, c'est un compliment. Beaucoup de diplomates occidentaux, Fabius, Kuchner, et d'autres rêveraient d'être comparés à Gromyko. André Gromyko, c'était une figure de la diplomatie, il inspirait sinon l'admiration, du moins le respect de ses adversaires. Gromyko, c'était le Talleyrand soviétique, trahison en moins. Etre comparé à Gromyko, pour un diplomate, c'est la consécration.
Gromyko défendait son pays. Les Occidentaux l'avaient surnommé "Monsieur Niet", c'était une sorte d'hommage à son indépendance. Un ministre français des affaires étrangères a refusé une fois de suivre les Américains, et d'engager la France dans une guerre en Irak. Tout le monde se souvient de Villepin. Les autres ne sont pas des messieurs "Niet", c'est plutôt "la voix de son maître", ils ont été, ils sont et ils seront les toutous de l'Amérique. C'est pourquoi tous, y compris le ministre actuel, sont déjà oubliés.
Rien à voir avec Gromyko. "Gromyko", Monsieur Niet, quoi qu'en dise le politologue polonais, ce n'était pas la bonne comparaison, ce n'est pas la bonne injure. "Molotov" aurait peut-être été préférable. "Tchitcherine", "Litvinov"? Ils étaient soviétiques, mais c'est trop ancien, les lecteurs ne comprendront pas. Alors, qui? "Goebbels"?
Et puis, "Goebbels", ce n'est plus, en quelque sorte, une marque d'infamie disponible. Goebbels, c'est Poutine. Car Vladimir Poutine a été qualifié de Goebbels. Notamment, mais pas seulement, de Goebbels. Car Poutine a aussi été qualifié de Hitler (par Hillary Clinton, qui sera peut-être le prochain président des Etats-Unis, et par le prince Charles, croyons-nous), de Staline, d'homosexuel refoulé (par le Nouvel Observateur), d'autiste (par les services américains), de nouveau tsar (par le gentil "Journal du dimanche" qui la prochaine fois, va nous effrayer en nous parlant peut-être d'Ivan le Terrible).
Il demeure quand même étonnant que le politologue polonais n'ait proposé, pour Lavrov, qu'une comparaison avec Gromyko. On sent bien la mauvaise intention, mais l'insulte sonne petite, ratée, mesquine, elle ne fait pas mouche. Etonnant de la part d'un Polonais politologue! Le polonais est pourtant une langue slave, c'est une langue qui, en principe, doit connaître l'injure.
Journalistes du Monde, amis russophobes, un peu de vigueur, que diable!
Prenez exemple sur ceux qui ont vraiment la haine du Russe. Prenez exemple sur Hillary Clinton, elle a dit de Poutine que c'était un "tough guy with a thin skin", un dur à la peau fragile. Ca, c'est de l'injure. L'injure, c'est un art. Journalistes du Monde, vous ne serez jamais Président des Etats Unis.
Enfin, l'essentiel est que l'on continue de s'amuser. A Munich, les diplomates occidentaux se sont beaucoup amusés.
Ainsi que le rapporte encore le journal Le Monde, un député allemand de la CDU s'est esclaffé de rire lors de l'intervention de Lavrov, il était peut-être assis à côté du politologue polonais, ça explique qu'il n'ait pu réfréner son hilarité.
Porochenko, le président ukrainien, n'était pas en reste. Il avait apporté quelques passeports russes qu'il a pu brandir devant la noble assemblée comme étant la preuve de l'intervention de l'armée russe en Ukraine. Avant Munich, quelque temps auparavant, Porochenko avait commencé sa tournée à Davos, où il avait brandi un bout de métal percé de balles. Encore une preuve. Quel magicien!
Colin Powells, lui, avait brandi devant le Conseil de sécurité un tube contenant une substance non identifiée comme preuve de l'existence d'armes de destruction massive en Irak ... qui en fait n'existaient pas. Porochenko n'a pas encore toute l'adresse de Colin Powells, mais il a des dispositions, pour le mensonge.
Mensonge! Que dis-je? Il serait malséant de contrevenir par des accusations malveillantes et ad hominem à tout ce beau et nouveau langage diplomatique, car c'est quand même grâce aux diplomates que nous évitons la guerre. Car pour certains, pour Hollande, par exemple, ce n'est pas encore la guerre.
Et pendant ce temps, à Donetzk ...
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